Réseaux sociaux

Elon Musk veut à nouveau racheter Twitter (update)

par Yannick Chavanne et Marc Landis (traduction/adaptation ICTjournal)

Le feuilleton continue… Après avoir annulé son plan de racheter Twitter, Elon Musk change une nouvelle fois d’avis et entend acquérir le réseau social selon les termes de l'accord initial, c'est-à-dire pour 44 milliards de dollars.

(Source: Joshua Hoehne on Unsplash; Steve Jurvetson/Public Domain)
(Source: Joshua Hoehne on Unsplash; Steve Jurvetson/Public Domain)

Mise à jour du 5 octobre 2022: S’agit-il du dernier rebondissement dans la saga concernant le rachat de Twitter par Elon Musk? Toujours est-il que le fantasque milliardaire est revenu sur sa décision et compte honorer la promesse d'avril dernier, soit le rachat du réseau social pour 44 milliards de dollars.

Une notice disponible sur le site de la SEC, l'autorité américaine de surveillance des marchés financiers, indique que les avocats d’Elon Musk ont envoyé une lettre à Twitter pour informer l'entreprise que le patron de Tesla et de SpaceX a l'intention de procéder à la clôture de la transaction envisagée fin avril dernier. Le document précise que cet engagement tient «à condition que la Cour de chancellerie du Delaware suspende immédiatement l'action en justice, Twitter vs. Musk». Le réseau social avait effectivement entamé une procédure contre le désistement d’Elon Musk.

L’app à l'oiseau bleu a confirmé avoir reçu la lettre et précisé avoir l'intention de conclure la transaction au prix prévu.

Mise à jour du 11 juillet 2022: Elon Musk a l'intention de faire capoter son projet de rachat de Twitter. Dans un document transmis à l'autorité américaine de surveillance des marchés financiers (SEC), les avocats du milliardaire ont invoqué des informations insuffisantes concernant le nombre de faux comptes (bots) inscrits sur la plateforme. Elon Musk reproche au réseau social d'avoir enfreint les accords du contrat de rachat: Twitter aurait fourni des informations «fausses et trompeuses». Twitter veut cependant s'en tenir à l'accord de reprise et annonce une action en justice.

Mise à jour du 5 mai 2022: Plusieurs ONG somment les annonceurs de boycotter Twitter

Le projet d'Elon Musk de faire de Twitter un espace de liberté d'expression totale inquiète notamment un certain nombre d’organisations non gouvernementales. Vingt-six ONG ont signé une lettre ouverte adressée aux principaux annonceurs de Twitter, les avertissant que leur marque «risque d'être associée à une plateforme amplifiant la haine, l'extrémisme, la désinformation sanitaire et les théoriciens du complot». Les ONG à l'initiative de cette lettre, dont Media Matters for America, Accountable Tech et UltraViolet, luttent entre autres contre la désinformation et les discriminations. Selon elles, avec Elon Musk à la barre, Twitter «risque de devenir un cloaque de désinformation [...] polluant notre écosystème d'information à une époque où la confiance dans les institutions et les médias d'information est déjà au plus bas». Ces ONG demandent aux annonceurs de ne pas soutenir les objectifs du milliardaire et de le menacer de se retirer de la plateforme s’il persiste à ne plus vouloir agir contre la publications de contenus haineux ou illicites.

Mise à jour du 28 avril 2022: L’UE met déjà la pression sur Elon Musk

A l'annonce de l'acquisition de Twitter par Elon Musk, certains commentateurs se sont rapidement demandés dans quelle mesure le milliardaire allait-il pouvoir faire du réseau social un espace de liberté d' expression totale, selon ses vœux (lire ci-dessous). Alors que l’Union européenne vient de s'accorder sur le Digital Services Act (DSA), un règlement qui établit une surveillance stricte des contenus illicites et préjudiciables sur les plateformes en ligne, Thierry Breton a déjà mis la pression sur le nouveau propriétaire de Twitter. Dans un tweet, le Commissaire européen affirme qu’Elon Musk s’adaptera rapidement au DSA.

Le DSA va entre autres obliger les plateformes à proposer une procédure simple pour signaler du contenu illicite et réagir rapidement à ces signalements. «Si Elon Musk va jusqu’au bout de sa logique, selon laquelle Twitter souffre d’un manque de liberté d’expression, des antagonismes risquent donc rapidement d’apparaître en Europe. Le bras de fer semble en tout cas engagé», analyse le chercheur Julien Pillot dans The Information. Sans compter que ces mesures vont augmenter les coûts de modération des plateformes.

News originale du 26 avril 2022: Elon Musk s’empare de Twitter pour 44 milliards de dollars

Twitter a finalement accepté l’offre d’Elon Musk. Le réseau social annonce avoir «conclu un accord définitif en vue de son acquisition par une entité détenue à 100% par Elon Musk, pour 54,20 dollars par action en espèces, dans le cadre d'une transaction évaluée à environ 44 milliards de dollars». Selon de nombreux commentateurs, le conseil d'administration a finalement cédé à la pression des actionnaires, rendus impatients par l’absence de progression de la valeur de l’action. Le prix d'achat représente une prime de 38% par rapport au cours de clôture de l'action Twitter le 1er avril 2022, dernier jour avant qu’Elon Musk ne divulgue sa participation d'environ 9%. Comme déjà précisé par le milliardaire, CEO de Tesla et de SpaceX, l'entreprise sortira de la Bourse à l'issue de la transaction.

Lutter contre les bots et favoriser la liberté d'expression

Elon Musk déclare vouloir améliorer Twitter avec de nouvelles fonctionnalités. Il compte rendre les algorithmes open source pour augmenter la confiance, trouver des solutions contre les robots spammeurs et authentifier tous les humains. Il confirme aussi ses intentions d’assouplir les mesures de modération de la plateforme de micro-blogging. «La liberté d'expression est le fondement d'une démocratie qui fonctionne, et Twitter est la place publique numérique où sont débattues les questions vitales pour l'avenir de l'humanité», souligne l'entrepreneur.

Musk peut-il se permettre d’assouplir le contrôle sur les contenus?

Reste à voir si et comment Elon Musk va poursuivre ses objectifs, alors qu’une pression pour la régulation du contenu sur les réseaux sociaux se manifeste, au niveau politique mais aussi du côté des annonceurs. L’Union européenne vient ainsi de s'accorder sur le Digital Services Act, un nouveau règlement qui vise à assurer une surveillance plus stricte des plateformes en ligne et une meilleure protection des internautes contre les contenus illicites et préjudiciables. En outre, selon The Information, des responsables de l'industrie publicitaire ont prévenu que les annonceurs pourraient fuir Twitter en cas d’assouplissement des contrôles sur le contenu permettant à la désinformation et autres contenus toxiques de prospérer. Une frilosité des annonceurs qui n'arrangerait pas le redressement de la société à l'oiseau bleu, d'autant plus dans un contexte économique qui, selon certains experts, s’annonce passablement morose.

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