Les Tesla enfreindraient la Loi suisse sur la protection des données
Le constructeur automobile Tesla équipe ses véhicules de huit caméras extérieures. Ce qu’elles filment termine non seulement sur l'ordinateur de bord, mais parfois aussi aux États-Unis. Les propriétaires de véhicules qui s'opposent à cette pratique risquent de ne plus bénéficier des mises à jour logicielles.
Les voitures électriques Tesla violent la loi suisse sur la protection des données, selon un article paru dans «Der Bund» (article payant). Les journalistes du quotidien alémanique ont examiné un modèle Tesla 3 avec des chercheurs de la Haute école spécialisée bernoise (HESB) et ont analysé la manière dont le véhicule collecte et traite les données.
Huit caméras problématiques
Chaque voiture Tesla - il y en aurait environ 12 000 en Suisse - filme ses environs à l'aide de 8 caméras externes. A cela s'ajoutent les informations provenant de capteurs à ultrasons et d'un radar orienté vers l'avant. Les données sont analysées sur l'ordinateur de bord, l’objectif étant que les véhicules puissent rouler de manière autonome à l'avenir, poursuit l’article. Il arrive cependant parfois que les données soient également envoyées au siège de Tesla aux États-Unis. C’est ce qui figure dans les conditions d'utilisation, selon le quotidien.
Avec cette pratique, Tesla enfreint la Loi suisse sur la protection des données, déplore la Confédération. L'utilisation de dashcams - des caméras de bord qui filment la circulation automobile - est interdite dans le pays, ou n'est autorisée que dans des cas exceptionnels, par exemple lors d'enquêtes sur des accidents de la circulation graves. Et il n'est pas du tout permis de filmer secrètement les autres usagers de la route, selon un porte-parole du Préposé fédéral à la protection des données et à la transparence (PFPDT). La transmission des images aux États-Unis est «délicate du point de vue de la protection des données suisses».
Pas de caméra, pas de mise à jour
Le plus gros problème, cependant, c’est qu'il est pratiquement impossible d'empêcher le filmage. Toute personne qui s'oppose au transfert de données court le risque que son véhicule ne reçoive plus de mises à jour logicielles, explique l’article. Selon Tesla, cela pourrait entraîner «des dommages graves ou une incapacité à fonctionner».
Le fabricant de voitures électriques n'a pas souhaité commenter les recherches des journalistes du Bund. Officiellement, Tesla invoque le régime du Privacy Shield Suisse-USA. En septembre dernier, le Préposé fédéral jugeait toutefois que le bouclier n’offre pas un niveau de protection des données adéquat conformément à la loi fédérale sur la protection des données. Il suivait en cela une décision de la Cour de justice de l’Union européenne rendue en août 2020.