Près d’un tiers des dépenses cloud sont gaspillées et Kubernetes n’y est pas pour rien
Contrôler les coûts engendrés par leurs environnements cloud est aujourd'hui une priorité pour les entreprises, selon le nouveau rapport annuel de Flexera. Les gaspillages en la matière restent élevés, d’autant plus que les architectures basées sur Kubernetes, toujours plus en vogue, rajoutent une bonne dose de complexité quand il s’agit de monitorer l'utilisation des ressources cloud.
Parmi les priorités des décideurs IT en matière de cloud, le contrôle des coûts prend de l'importance. Cet aspect figure même en tête des priorités citées par les responsables informatiques interrogés pour l’étude annuelle de Flexera, et ce, pour la première fois en dix ans. Cette évolution peut être attribuée à deux facteurs, selon les auteurs du rapport: l'augmentation des dépenses due à une hausse de l'utilisation des services cloud, ainsi que le regain de confiance dans la sécurité des environnement «as-a-Service».
La gestion des coûts du cloud et les pratiques FinOps associées ont donc le vent en poupe. Il faut dire que les budgets cloud ont toujours plus tendance à être dépassés, si l'on se fie au sondage de Flexera. Pour cette édition 2023 du State of the Cloud Report du fournisseur, les CIO indiquent que le montant moyen dépensé pour le cloud public a été de 18% supérieur aux prévisions (contre 13% l'année passée). Dans ce contexte, un tiers des sondés estiment que les dépenses augmenteront au cours des douze prochains mois.
Gaspillage des dépenses cloud: un très léger mieux
Le gaspillage des dépenses reste en outre un problème d'actualité. Quand bien même s’observe un léger progrès en la matière. Les responsables interrogées estiment aujourd’hui que 28% des dépenses liées au cloud n'apportent pas les bénéfices escomptés (une estimation chiffrée à 32% l'année passée).
Flexera rappelle dans son rapport que les réductions proposées par les hyperscalers permettent d’identifier les domaines dans lesquels les coûts peuvent être potentiellement réduits. Pourtant, seul un tiers des firmes représentées dans le panel ont déjà profité de ce type de rabais. La mesure d'optimisation des coûts cloud la plus employée est désormais le monitoring de l'utilisation. Devant le paramétrage de l’arrêt des workloads après les heures de travail et l’indication des dates d'expiration des abonnements.
Parmi les autres enseignements de l'étude 2023 de Flexera, mentionnons le fait que l'adoption du cloud public continue d’accélérer. Il apparaît que les PME, qui ont désormais plus de deux tiers de leurs charges de travail dans le cloud public, ont adopté ces environnement plus rapidement qu'elles ne le prédisaient ces dernières années. On notera aussi que toujours plus d'entreprises se sont tournées vers les architectures à base de containers, les services managés basés sur Kubernetes ont ainsi la cote. Or, il s'avère que ces architectures de micro-services compliquent encore davantage la gestion des coûts relatifs au cloud.
Des ressources Kubernetes sous-utilisées
En effet, selon une autre étude publiée par le fournisseur californien Sysdig, spécialisé dans le monitoring des environnement DevOps, Kubernetes étant un environnement dynamique et constitué d’états éphémères, il est intrinsèquement difficile d’y suivre les coûts et l'utilisation. Et bien souvent, les organisations ne limitent pas le nombre de ressources qu'un conteneur peut utiliser. En outre, les systèmes dans lesquels les développeurs sont autorisés à choisir leurs propres exigences en matière de capacité peuvent entraîner une surallocation et sont rarement examinés et mis à l'échelle de manière appropriée.
En se basant sur les données des entreprises qui emploient sa plateforme, Sysdig a découvert que 59% des conteneurs n'avaient pas de limites de CPU, tandis que la moitié n'avaient pas de contraintes relatives à la mémoire. Le gaspillage qui en découle est loin d'être anecdotique: il apparaît que plus de deux tiers des cœurs de CPU sollicités sont finalement inutilisés. En évitant ce gaspillage, les organisations disposant d'environ 150 nœuds Kubernetes pourraient, aux dires de Sysdig, économiser près d’un million de dollars par an.