Top 100: analyse

Croissance contrastée de l’emploi dans le secteur IT romand

| Mise à jour
par Rodolphe Koller

L’édition 2013 de notre étude révèle une augmentation moyenne relativement faible des emplois en Suisse romande dans les entreprises IT. Certains fournisseurs tirent cependant leur épingle du jeu et enregistrent des croissances à deux chiffres.

Voici déjà la quatrième édition de notre étude «Top100 de l’informatique romande» réalisée en collaboration avec le cluster Alp ICT et qui scrute le développement des emplois dans le secteur IT romand. Notre enquête 2013 s’enrichit d’un volet export développé en partenariat avec Switzerland Global Enterprise – anciennement Osec – dont les résultats sont présentés à partir de la page 23.

Près de 250 entreprises employant plus de 11 500 collaborateurs ont participé cette année à notre enquête. En moyenne, elles ont vu leur personnel augmenter de 1,8% avec toutefois de grandes différences. Ces dernières s’expliquent avant tout par le «parcours» individuel de chaque société. Statistiquement, on constate néanmoins une croissance des emplois plus forte chez les prestataires IT proposant des services d’hébergement et de location de personnel (bodyleasing) et une réduction des effectifs chez les fabricants de matériel. La répartition des emplois entre les cantons est relativement stable, Vaud et Genève continuant de concentrer quatre emplois sur cinq dans le secteur IT romand. Par ailleurs, deux trends déjà signalés l’an dernier se confirment: d’une part, l’augmentation du personnel basé en Suisse romande dans les entreprises IT suisses, alors que celui-ci diminue chez les multinationales du secteur. D’autre part, la diminution du nombre de personnes travaillant dans des structures de moins de 30 employés, au profit de plus grandes organisations

Les «vainqueurs» 2013

Bien que notre étude n’ait pas pour objet de désigner des lauréats, certaines sociétés se distinguent. Au sommet du classement d’abord, HP supplante IBM pour la première fois depuis que nous conduisons le Top100, en raison du départ de 80 collaborateurs qui ont rejoint la Banque Cantonale Vaudoise, suite à sa décision de réintégrer le développement de sa plateforme bancaire. En troisième et quatrième positions, les prestataires IT romands Veltigroup et blue-infinity continuent de croître.

Veltigroup a engagé une quarantaine de collaborateurs l’an dernier et a presque doublé sa taille depuis 2009. Quant à blue-infinity, une cinquantaine d’employés l’ont rejoint depuis 2012 et il affiche une progression de près de 50% en quatre ans.A signaler aussi le développement rapide de Nexthink, qui a engagé 17 collaborateurs en une année, soit une augmentation de plus de 50% de son personnel. Idem pour Swisscom IT Services dont la présence en Suisse romande se développe à un rythme soutenu. En une année, la filiale informatique de l’opérateur a gagné près de 70 collaborateurs dans la région et cinq rangs dans notre classement pour se hisser désormais en 10ème position.

Contexte économique favorable, mais…

L’économie suisse n’a guère été affectée par la crise provenant de l’étranger ces dernières années, avec une croissance supérieure à celle de nos voisins. Les analystes de Crédit Suisse expliquent notamment cette résistance par la très bonne tenue de l’économie domestique, laquelle a à son tour favorisé les emplois.La stabilité de l’emploi dans la branche mesurée dans notre étude reflète ce «supercycle», sachant que la plupart des sociétés IT présentes en Suisse romande vivent principalement des solutions et services vendus à des entreprises locales. Ceci alors que la Suisse romande enregistre ces dernières années une croissance supérieure à la moyenne suisse. Ce contexte propice devrait se poursuivre en 2014 avec une hausse de 2,0% du PIB réel en Suisse (selon Crédit Suisse), et même de 2,3% en Suisse romande (selon l’institut Créa).

Si cet environnement est globalement favorable, deux phénomènes méritent l’attention de la branche IT romande. Tout d’abord, l’incertitude concernant le secteur bancaire – et plus particulièrement la banque privée – qui représente une part importante des revenus de plusieurs prestataires IT romands. L’autre question concerne l’attractivité future de la région pour des multinationales, notamment informatiques. Le départ de Yahoo est à cet égard un signal d’alarme.

La tête dans le cloud

En ce qui concerne le secteur IT suisse, celui-ci a enregistré un ralentissement de sa croissance au troisième trimestre 2013, lié tant à la baisse de la demande qu’à l’érosion des prix, selon l’index Swico. Ce ralentissement concerne en revanche dans une moindre mesure les prestataires de services qui tireraient leur épingle du jeu grâce au développement du cloud computing et des services managés.

Le cloud est d’ailleurs la tendance technologique la plus citée cette année par les entreprises du Top 100. Comme en 2011 et en 2012, deux sociétés IT sur cinq jugent que le cloud a un impact important sur leurs affaires. Après un bond l’an dernier, la mobilité se retrouve à la seconde place des tendances mentionnées. Les deux plus fortes progressions concernent l’analyse de données et les systèmes optimisés combinant hardware et software – des infrastructures notamment utilisées pour le déploiement de clouds privés. Le web 2.0 continue d’être une tendance majeure pour une entreprise IT sur cinq. En revanche, le green IT dégringole et n’est plus mentionné que par 5% des fournisseurs informatiques – c’est deux fois moins qu’en 2011.

Données clés

  • 243 entreprises IT participantes employant 11 522 collaborateurs
  • 206 entreprises suisses, dont 170 romandes, et 37 sociétés étrangères
  • 83% des emplois situés dans les cantons de Vaud et Genève
  • Augmentation moyenne de 1,8% des effectifs entre 2012 et 2013
  • Tendances technologiques prioritaires: le cloud et les terminaux mobiles

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