Alexandre Wayenberg: «Aucun prototype ne survit au premier contact avec l’usine»
Alexandre Wayenberg, diplômé de l’EPFL spécialisé dans le design d’objets connectés, a aidé les étudiants du China Hardware Innovation Camp (CHIC). Il nous parle de son rôle et des objectifs pédagogiques du programme.
Pourquoi avez-vous désiré prendre part au projet CHIC?
J’ai en quelque sorte eu envie de rendre ce que mes études et mon parcours professionnel m’ont apporté. En étudiant à l’EPFL en microtechnique, j’ai acquis des connaissances en engineering. Par la suite, j’ai accumulé de l’expérience en entreprenariat et en design, notamment en dirigeant ces dernières années l’agence Capsule, spécialisée dans la conception d’objets connectés. CHIC se positionne ainsi à la croisée des chemins entre mes différents domaines de compétences. Alors quand Pascal Marmier, qui dirige swissnex China, et Marc Laperrouza, responsable de CHIC, m’ont fait part de ce projet, j’ai été tout naturellement attiré. Il m’est clairement apparu que nous pouvions tous les trois mettre en place une initiative pédagogique différente et inédite.
En quoi consiste votre rôle?
Mon background éclectique me permet de venir en aide aux étudiants. Mon rôle est à la fois celui d’un assistant et d’un guide pédagogique. J’essaie entre autres de contribuer à faire en sorte qu’ils puissent parler le même langage. Durant le weekend de lancement du programme, il a fallu catalyser le processus d’innovation, expliquer aux étudiants les différentes étapes de développement d’un objet connecté et les contraintes inhérentes spécifiques au business, au design et aux aspects techniques. C’est l’un des objectifs principaux du programme: permettre aux étudiants d’assimiler les enjeux propres à leurs domaines, mais aussi à ceux des disciplines connexes. Ce savoir interdisciplinaire n’est en général pas enseigné, alors qu’il m’apparaît crucial au moment de se lancer dans une aventure entrepreneuriale. Avec CHIC, les futurs ingénieurs peuvent se rendre compte que les enjeux d’un tel projet ne sont pas que purement techniques, mais également liés aux besoins des utilisateurs et qu’ils s’inscrivent dans une finalité économique.
Quel genre d’obstacles avez-vous aidé à surmonter?
Les groupes ont dû apprendre comment réaliser un circuit imprimé. Les étudiants de l’EPFL n’ont pas les connaissances nécessaires pour cela. Je les ai ainsi guidés dans la conception d’un schéma électronique, mais aussi sur des questions de normes de sécurité. Mon expertise a certes permis aux groupes de gagner un temps précieux dans ce travail de développement en accéléré, mais nous avons pris garde de leur laisser la marge de liberté nécessaire au processus d’innovation. Notre rôle consiste à les orienter, à leur présenter les alternatives existantes. Il s’agissait par exemple de les informer que tel capteur est bon marché, mais moins fiable qu’un autre modèle et donc plus adapté à un produit low-cost que haut de gamme. Mais au final, ce sont les étudiants qui ont pris les décisions et opté pour tel ou tel compromis.
Voyez-vous d’autres objectifs pédagogiques propres au programme CHIC?
L’intérêt de CHIC est aussi de donner l’occasion aux étudiants d’expérimenter une démarche de développement itératif, en se mettant en quelque sorte dans la peau d’une lean start-up. Il s’agit pour eux d’éprouver les adages au centre de cette méthode, à savoir qu’aucun business plan ne survit à un premier contact avec les utilisateurs et qu’aucun prototype ne survit au premier contact avec l’usine. Les étudiants doivent comprendre qu’il est normal et même nécessaire de faire des erreurs et de réaliser, si besoin, de rapides itérations. Et ce également au dernier moment, durant l’étape de fabrication du produit. Ce programme vise aussi à faire comprendre qu’il faut parfois échouer vite pour réussir plus tôt: un autre adage de l’approche lean start-up.
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