Fusion avec Fastweb

Les autorités italiennes scrutent le rachat de Vodafone Italia par Swisscom (update)

par Joël Orizet et René Jaun et Alexandra Hüsler (traduction/adaptation ICTjournal)

L'autorité italienne de la concurrence soumet le rachat de Vodafone Italia par Swisscom à un examen approfondi. La transaction est examinée plus en détail, conformément aux règles italiennes en matière de contrôle des fusions.

Le siège milanais de Vodafone Italia (Photo: Thierry Bignamini sur Flickr sous licence Creative Commons 2.0)
Le siège milanais de Vodafone Italia (Photo: Thierry Bignamini sur Flickr sous licence Creative Commons 2.0)

Mise à jour du 12 septembre 2024: Ce 11 septembre 2024, l'autorité italienne de la concurrence (Autorità Garante della Concorrenza e del Mercato) a annoncé qu'elle soumettait le rachat de Vodafone Italia par Swisscom à un examen approfondi. La phase II de l'examen, qui a été lancée, examine l'acquisition conformément aux dispositions italiennes en matière de contrôle des fusions, indique Swisscom.

De tels examens de phase II ne sont pas inhabituels dans le secteur des télécommunications, ajoute le communiqué. Swisscom reste convaincue que la transaction est favorable à la concurrence et continuera à collaborer de manière «étroite et constructive» avec l'autorité italienne de la concurrence afin d'obtenir une autorisation dans les délais.

L'exécution de la transaction est encore soumise à d'autres autorisations réglementaires, mais la reprise de Vodafone Italia se déroule «dans l’ensemble» comme prévu. Swisscom prévoit de conclure la transaction au premier trimestre 2025. 

Mise à jour du 15 mars 2024: Les parties sont d'accord : Swisscom confirme le rachat de Vodafone Italia et la fusion de l'entreprise avec Fastweb. L’opérateur déboursera 8 milliards d'euros qu’il financera via un emprunt.

L'entreprise qui naîtra de la fusion de Vodafone Italia et de Fastweb «offrira de nombreux avantages aux consommatrices et consommateurs, aux entreprises d’Italie et au pays lui-même», écrit Swisscom. «Nous avons bâti un solide historique d’investissement et de croissance rentable en Italie depuis. Nous sommes convaincus par la logique industrielle de cette fusion. Fastweb et Vodafone Italia se complètent idéalement dans l’optique de dégager une forte valeur ajoutée pour toutes les parties prenantes. Les clients privés comme les clients commerciaux bénéficieront par conséquent de l’offre la plus complète. Swisscom en sortira également grandie dans son ensemble, ce qui lui permettra de maintenir d’importants investissements en Suisse et en Italie», commente Christoph Aeschlimann, CEO de Swisscom

Le Conseil fédéral prend acte du rachat de Vodafone Italia par Swisscom. Il constate qu'une reprise de Vodafone Italia n'est pas contraire à ses objectifs stratégiques. L’exécutif indique avoir défini à cet effet différentes conditions visant à minimiser les risques, que Swisscom a de nouveau confirmé avoir remplies. «L’une des principales attentes du Conseil fédéral est que les activités italiennes et suisses restent séparées sur les plans organisationnel et structurel. L’exigence selon laquelle Swisscom ne doit pas assumer de mandat de service universel à l’étranger reste inchangée».

L'UDC demande des mesures

Au Parlement, la transaction à venir continue de faire parler d'elle. Dans une motion déposée le 13 mars, le groupe UDC demande au Conseil fédéral «d’expliquer au conseil d'administration de Swisscom que Swisscom ne peut pas acheter Vodafone Italia». Tant que la Confédération détient une participation majoritaire dans la société de télécommunications, Swisscom n'est pas une société privée indépendante, explique le texte. «La Confédération, et donc en fin de compte les contribuables, répondent de tous les risques commerciaux de Swisscom, y compris en cas d'opérations à l'étranger. Avec le rachat envisagé de Vodafone Italia, Swisscom prend un risque trop élevé pour les contribuables suisses».

Dans une motion déposée le même jour, le conseiller national UDC Franz Grüter demande au Conseil fédéral «d’adapter sa stratégie de propriétaire pour ses entreprises publiques de manière à renoncer aux rachats d'entreprises à l'étranger et d'y associer obligatoirement le Parlement». Si le conseil d'administration impose malgré tout une telle reprise et que celle-ci tourne mal, le Conseil fédéral devrait engager une action en justice.

Si le Conseil fédéral ne fait pas référence à ces motions, il précise toutefois que la décision relative à la transaction relève de la compétence finale et de la responsabilité du conseil d'administration de Swisscom. «Indépendamment de la transaction, la stratégie de propriétaire de la Confédération concernant Swisscom doit être réexaminée dans le courant de cette année, comme le prévoient les principes directeurs de la Confédération en matière de gouvernement d’entreprise. Cet examen portera sur les questions de privatisation ou de privatisation partielle de l’entreprise».

La réalisation de l'acquisition de Vodafone-Italia est encore soumise aux autorisations réglementaires et autres approbations habituelles.

Mise à jour du 5 mars 2024: Le projet de rachat de Vodafone par Swisscom fait débat sous la Coupole (update). Le projet de Swisscom de racheter Vodafone Italia suscite des réactions mitigées parmi les hommes et les femmes politiques. Certains se prononcent en faveur d'une privatisation de l'entreprise ou demandent au moins d'examiner cette possibilité, rapporte le Blick. Parmi eux, on trouve par exemple le président des Vert' libéraux Jürg Grossen ou le politicien du centre Philipp Kutter. Dans un communiqué, l'UDC estime elle aussi que Swisscom doit être privatisée si elle veut jouir d'une liberté d'entreprise totale.

Le Blick souligne en outre que les régions rurales émettent des réserves quant à une privatisation. Le quotidien cite notamment Martin Candinas, conseiller national du Centre (Grisons): «Un Swisscom entièrement privatisé, qui ne serait tenu qu'au rendement, serait une catastrophe pour les régions rurales et de montagne». Enfin, la conseillère nationale PS Jacqueline Badran se prononce en faveur d'une annulation de la privatisation partielle de Swisscom.

Face au Parlement, le conseiller fédéral Albert Rösti s'est également exprimé sur les projets de rachat de Swisscom par Vodafone. Le politicien UDC Franz Grüter a voulu savoir s'il existait une stratégie qui interdirait les rachats d'entreprises étrangères. Dans sa réponse, Albert Rösti a fait référence à une série de conditions que les reprises envisagées par Swisscom doivent remplir: ainsi, le groupe de télécommunications ne peut pas prendre de participations à l'étranger dans des sociétés de télécommunication ayant un mandat de service universel. D'autres participations sont possibles si elles soutiennent la mission de base en Suisse ou présentent une autre logique stratégique et industrielle. Si les conditions sont remplies et qu'un accord est compatible avec les objectifs stratégiques, il n'est pas possible de l'interdire. 

Le Conseil fédéral attend de Swisscom qu'elle ne prenne des participations ou des coopérations à l'étranger que si elles contribuent à augmenter durablement la valeur de l'entreprise, a précisé Albert Rösti. En outre, le gouvernement attend que de telles coopérations soient bien encadrées du point de vue de la gestion et que les risques soient suffisamment pris en compte.

News originale du 28 février 2024: Swisscom veut racheter Vodafone Italia. Swisscom veut reprendre les activités italiennes de l'opérateur de téléphonie mobile Vodafone et les fusionner avec sa propre filiale milanaise d’internet à haut débit Fastweb. Les conditions exactes doivent encore être négociées, mais un accord provisoire a été trouvé sur un prix d'achat de 8 milliards d'euros, fait savoir Swisscom. On ignore toutefois encore si l'accord se concrétisera effectivement.

Swisscom explique que la transaction serait une étape importante pour atteindre son objectif d'augmentation de la valeur à long terme de ses activités en Italie et les objectifs stratégiques du Conseil fédéral. Vodafone Italia et Fastweb réuniraient des infrastructures, des compétences et des capacités complémentaires et de qualité en matière de téléphonie mobile et de réseau fixe, et deviendraient ensemble un fournisseur convergent de premier plan.

Swisscom a racheté Fastweb au printemps 2007 pour près de 7 milliards d'euros - dans le but de compenser l'érosion attendue du chiffre d'affaires dans ses activités suisses. C'est le CEO de Swisscom Carsten Schloter, décédé en 2013, qui avait alors organisé l'opération. L'engagement en Italie a toutefois causé des problèmes à Swisscom: en 2010, une procédure en matière de TVA contre d'anciens membres de la direction de Fastweb s'était transformée en scandale de blanchiment d'argent. Un an plus tard, Swisscom a dû amortir 1,3 milliard d'euros dans sa filiale italienne.

En 2013, Fastweb a toutefois permis à Swisscom de réaliser pour la première fois un bond en avant en termes de bénéfices. L'activité italienne, longtemps moribonde, est devenue un moteur de croissance : en 2016, Mario Rossi, alors directeur financier, déclarait en conférence de presse de présentation du bilan : «La croissance de Swisscom vient d'Italie».

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