Le prochain patron d’UBS est un Chief Transformation Officer
UBS a nommé Ralph Hamers, actuel CEO d’ING, pour diriger ses activités mondiales. Un signal fort sachant que ce manager expérimenté est réputé pour l’attention qu’il porte au numérique et pour la profonde transformation qu’il a conduite dans l’organisation de la banque néerlandaise.
Les choses pourraient bien bouger davantage que de coutume dans la plus grande banque helvétique. UBS vient de désigner Ralph Hamers, actuel patron de groupe bancaire néerlandais ING, comme son futur CEO à partir du 1er novembre 2020. C’est un patron réputé dans la banque de détail qui rejoint le leader mondial de la gestion de fortune, notent plusieurs observateurs. Mais c’est aussi un adepte du numérique qui a profondément transformé la manière d’opérer d’ING ce que ne manque pas de souligner le Président d’UBS Axel Weber: «Ralph est le bon CEO pour mener notre entreprise vers son prochain chapitre. Banquier chevronné et respecté, doté d'une expertise éprouvée en matière de transformation numérique, Ralph a un parcours impressionnant à la tête du groupe ING depuis plus de six ans».
Avec un tel pédigrée aux commandes de la banque, les questions n’ont pas manqué lors de la conférence de presse sur le sort réservé aux filiales et sur l’applicabilité du numérique à la gestion de fortune. Ce à quoi Ralph Hamers a répondu que le numérique est au service d’un but, en l’occurence l’expérience offerte aux clients, et qu’il compte inscrire son action dans la continuité. S’agissant de l’activité de la gestion de fortune, le futur CEO a souligné que des technologies telles que l’intelligence artificielle peuvent être des atouts pour offrir les produits sur mesure. Axel Weber et l’actuel CEO Sergio Ermotti ont également insisté sur les progrès déjà réalisés par la banque dans le domaine numérique et rappelé son budget IT colossal de 3,5 milliards de francs.
Bank-as-a-Platform
Si Ralph Hamers s’engage dans une transformation similaire à celle d’ING, c’est néanmoins de grands changements qui attendent UBS. Dans la banque de détail, le futur CEO a développé ING en direction d’une banque-plateforme inspirée des géants du web, ne craignant pas d’intégrer des offres concurrentes ou complémentaires (immobilier par exemple) afin de coller au plus près des besoins concrets des clients. On est bien loin des atermoiements des banques suisses dans le domaine de l’open banking et d’une API bancaire…
> Sur ce sujet: PSD2: pomme de la discorde entre fintech et banques suisses
Organisation en escouades et tribus
Mais la plus grande transformation conduite à ING concerne l’organisation interne de l’établissement, un exemple maintes fois cité par les experts en management. S’inspirant là aussi des pratiques des géants du numérique, la banque néerlandaise a étendu les pratiques agiles et l’approche produit de l’IT vers les autres fonctions business.
Depuis l’arrivée de Ralph Hamers à la tête du groupe en 2013, l’organisation en silo d’ING s’est ainsi transformée de fond en comble avec la création d’escouades multidisciplinaires (marketing, produit, UX, data, IT) de moins de 10 personnes gérant de façon autonome les produits et services pour un besoin client précis. Tandis que ces escouades sont elles-mêmes réunies en grandes tribus de 150 personnes chargées des différents domaines de la banque: hypothèques, titres, banque privée, etc. (voir ci-dessous)
«Nous voulons être une société technologique avec une licence bancaire», déclarait il y a quelques années Hamers à propos d’ING. Au-delà d’un Chief Executive Officer, c’est bien un Chief Transformation Officer qu’a engagé UBS, et cette seule nomination est un signal fort.