Coupe du Monde: pourquoi l'IA s'est trompée
Une entreprise de consulting sud-africaine revient sur les prédictions réalisées par son intelligence artificielle à chaque match de la Coupe du Monde, et les enseignements à tirer de ses erreurs.
Comme les chercheurs germano-belges dont nous vous avions parlés avant le tournoi, les data-scientists du cabinet de consulting sud-africain Principa avaient essayé de prédire, pour chaque match, les résultats de la coupe du monde qui s’est achevée, en Russie, dimanche dernier. Dans un billet publié cette semaine, ils reviennent sur les leçons qu’ils ont tiré de cette expérience.
S’il s’enorgueillit que son intelligence artificielle a surpassé «99,92% des prévisions faites par l’homme», le PDG de Principa relativise: «La chose la plus importante que nous avons apprise jusqu'à présent est que la coupe du monde de football est incroyablement imprévisible et que tous les facteurs qui influencent les résultats sportifs ne peuvent pas être quantifiés.» Les chiffres parlent d’eux-mêmes: sur les 64 matchs qui se sont joués, l’algorithme sud-africain n’a parié sur le bon gagnant «que» 38 fois (59% de réussite). Le bon score n’a lui été anticipé «que» 6 fois (9% de réussite), dont une fois pour la victoire Suisse 2 à 1 contre la Serbie.
Poules VS élimination directe
A posteriori, les data scientists ont tout d’abord regretté d’avoir nourri leur intelligence artificielle avec les résultats des matchs de poules pour prédire les résultats des phases finales. Selon eux, leurs prophéties auraient étaient plus juste en ne prenant en compte que le comportement des équipes confrontées au couperet de l’élimination directe. Les ingénieurs derrière cet algorithme pensent également que l’utilisation de la vidéo dans cette coupe du monde est un facteur face auquel ils étaient démunis: il s’agissait d’une première, ils ne pouvaient donc pas nourrir leur machine de données prenant en compte cet élément. Le troisième et dernier enseignement tiré par les consultants de Principa est que les conditions initiales d’un match, comme l’âge des joueurs présents au coup d’envoi ou le nombre de buts moyens marqués par l’équipe, devraient être intégrés au calcul à chaque fois pour améliorer le pronostic.
Cela aurait-il suffit? Pas sûr. Le football n’est pas une science exacte. La preuve, comme le rapporte Business Insider, les plus grandes banques se sont aussi cassé les dents au jeu de l’oracle de cette coupe du monde. Le million de simulations du tournoi réalisé par Goldman Sachs avait désigné le Brésil vainqueur face à l’Allemagne, tandis que les 10’000 d’UBS sacraient la Mannschaft et qu’ING mettait la coupe dans les mains espagnoles…