Formation continue: les professionnels suisses doivent se réveiller
Le monde du travail est en pleine mutation, les carrières s’allongent… et pourtant les professionnels suisses sont encore très nombreux à ne pas s'intéresser à la formation continue s'inquiète Deloitte.
En moyenne, 41’000 emplois sont créés chaque mois en Suisse et 38’000 sont supprimés selon les chiffres d’economiesuisse. «Cela signifie que le marché du travail connaît une mutation structurelle constante, avec une évolution des rôles et des métiers et, dans le même temps, des exigences pour les travailleurs», en déduit Deloitte qui s’est intéressé à la formation continue dans la Confédération.
Le cabinet de conseil tire la sonnette d’alarme après un sondage réalisé auprès d’un millier de travailleurs helvétiques. 30% d’entre eux n’ont en effet suivi aucune formation au cours de l’année écoulée et plus de la moitié de ceux-ci ne voient pas l’intérêt de le faire. Or la révolution numérique modifie les compétences requises pour mener à bien des carrières qui seront de plus en plus longues avec l’allongement de l’espérance de vie.
«La formation continue est devenue indispensable. Les compétences actuellement nécessaires sur le marché du travail pourraient bien être obsolètes dans quelques années. Les employés comme les employeurs doivent prendre conscience du fait que la plupart des carrières ne suivent plus un chemin linéaire. Elles deviennent plus dynamiques, multidimensionnelles et se jouent à plusieurs niveaux», explique Myriam Denk, Associé en charge de Future of Work chez Deloitte Suisse.
L’analyse en profondeur de l’étude menée par le cabinet de consulting révèle que plus une personne a fait d’études, plus elle est susceptible de se former au cours de sa carrière. Ainsi «seuls 17% des employés titulaires d'un diplôme universitaire n'ont suivi aucune formation continue au cours des 12 derniers mois, contre 40% des titulaires d'un diplôme d'enseignement obligatoire et 39% des titulaires d'un diplôme de formation professionnelle.» Ces deux dernières population sont par ailleurs aussi celles qui déclarent très majoritairement ne pas voir la nécessité de participer à une activité d’enrichissement ou de diversification de leurs compétences.
Le manque de temps est la principale justification donnée par ceux qui ne continuent pas à se former. Ensuite, viennent des raisons liées à leur employeur et non à leur motivation personnelle comme le fait que l’environnement de travail n’y est pas favorable ou le manque de conseils reçus sur le sujet.
Une situation qui pourrait s’améliorer si l’Etat ou les entreprises assumaient davantage les coûts de formation selon les sondés qui ne sont que 11% à considérer que cette charge leur incombe. Or il se trouve que les employeurs supporte déjà 50% de ces coûts. «Ce manque de responsabilité personnelle est un signe inquiétant. Les employés doivent comprendre de toute urgence que la formation continue est essentielle s'ils veulent préserver ou améliorer leur employabilité. Et qu'ils doivent se prendre en main sur ce sujet», explique Michael Grampp, Économiste en chef chez Deloitte Suisse. L’auteur de l’étude invite toutefois les entreprises à multiplier leurs efforts pour sensibiliser leurs équipes à cette problématique.