Réduction des coûts d'exploitation

Cet éditeur SaaS explique comment il a rapatrié ses applications cloud native sur son infrastructure

Pour réduire ses coûts d'exploitation, l'éditeur logiciel 37signals a rapatrié ses applications Hey et Basecamp sur sa propre infrastructure. David Heinemeier Hansson, CTO, a détaillé la manœuvre dans un blog et affirme que la transition permettra d'économiser dix millions de dollars sur cinq ans.

(Source: Noah Naf sur Unsplash)
(Source: Noah Naf sur Unsplash)

«Nos économies liées à l'abandon du cloud dépasseront désormais les dix millions sur cinq ans»… Voici ce qu'affirme David Heinemeier Hansson, directeur technique et copropriétaire de l'entreprise de logiciels 37signals. Dans un récent billet de blog, celui qui est aussi connu comme l'inventeur du framework Ruby on Rails fait le point sur sa décision de renoncer au cloud. 

Fin 2022, le CTO de l’éditeur des applications Basecamp (gestion de projet) et Hey (collaboration) expliquait pourquoi les services dont il est responsable ne seraient plus basés sur les infrastructures cloud (les services de la firme étaient en majorité basés sur AWS). A ses yeux, le cloud peut être avantageux dans deux contextes: lorsque l'application est simple et ne génère pas beaucoup de trafic, ou lorsque les besoins en capacités de montée en charge sont très fluctuants. Pour lui, le modèle par abonnement est en fin de compte peu avantageux pour les entreprises de taille moyenne qui connaissent une croissance régulière. Il a en outre constaté que les économies censées résulter de la réduction de la complexité ne se sont jamais concrétisées.

En juin 2023, David Heinemeier Hansson a repris la plume pour détailler la migration du cloud vers l’on-premise en seulement six mois. Les applications héritées non cloud-native faisaient partie du lot et n'ont pas posé de problèmes particuliers. La migration de Hey, un service de messagerie complet né dans le cloud, s'est en revanche avérée plus épineuse, l'entreprise n'ayant jamais géré cette application sur son propre matériel. 

Pile technologique entièrement open source

Pour mener à bien cette opération, l'équipe technique a procédé par étapes, en déplaçant progressivement les différents composants de Hey, à savoir les bases de données, les serveurs de cache, les services de messagerie et les instances d'application. Cette approche a permis de minimiser les interruptions de service et de garantir une transition vers de nouveaux serveurs Dell en douceur. 37signals s'est appuyé sur une pile technologique entièrement open source. En utilisant Docker pour exécuter des applications conteneurisées et Kamal pour des déploiements en continu, l'entreprise a échappé à la complexité de solutions telles que Kubernetes. En outre, l'équipe n'a pas eu besoin d'augmenter ses effectifs opérationnels. «Cela s'explique par le fait que la façon dont nous exploitons notre propre matériel n'est pas très différente de la façon dont les gens utilisent les clouds», explique le CTO.

Quelques inconvénients signalés

Le passage à une infrastructure sur site présente tout de même des inconvénients. La principale contrainte réside dans le délai d'approvisionnement. Contrairement au cloud, où de nombreuses machines peuvent être déployées instantanément, l'ajout de nouveaux serveurs sur site prend un certain temps. Mais l'entreprise estime que la flexibilité offerte par le cloud  n'est pas nécessaire pour son activité relativement prévisible. «Etant donné les économies que nous réalisons en possédant notre propre matériel, nous pouvons nous permettre de surprovisionner considérablement nos besoins en serveurs et, lorsque nous en avons besoin, il ne faut que quelques semaines pour qu'ils arrivent», précise David Heinemeier Hansson. 

37signals doit néanmoins relever les défis liés à la gestion de deux centres de données (et bientôt un troisième à l'international). Gérer des applications de la taille de Basecamp et Hey nécessite par ailleurs une équipe dédiée, capable de maintenir les applications, les bases de données et les machines virtuelles, tout en assurant la gestion de l'infrastructure physique et l'approvisionnement électrique.

En outre, le passage à une infrastructure sur site a bien sûr nécessité un investissement important. 37signals a dépensé environ 700’000 dollars pour acheter en serveurs Dell. Mais ces dépenses devraient être rapidement amorties, selon le CTO.  

Des économies significatives

Depuis que 37signals a achevé la migration, le CTO a constaté des économies plus importantes que prévu. L'achat de nouveaux serveurs a été entièrement amorti au cours de la seconde moitié de 2023. En 2024, première année sans engagements contractuels de long terme avec des fournisseurs cloud, la facture annuelle est ainsi passée de 3,2 millions de dollars à 1,3 million, soit une réduction de près de deux millions de dollars par an. Le nouvel équipement devrait être utilisé pendant cinq à sept ans, permettant de réaliser des économies de plus de dix millions de dollars sur cinq ans. 
 

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