L'IA met en péril les objectifs environnementaux de Microsoft
Le rapport de durabilité 2024 de Microsoft met en lumière les défis posés par l'IA dans la réalisation de ses objectifs climatiques.
Concilier lutte contre le réchauffement climatique et course aux progrès en matière d'intelligence artificielle n'est pas sans difficulté. Le cas de Microsoft illustre ce dilemme. En 2020, la firme de Redmond a annoncé ses ambitions environnementales, s'engageant à réduire de moitié ses émissions de CO2 afin que son empreinte carbone soit négative d'ici 2030. Rappelons qu’une empreinte carbone négative signifie qu'une entreprise élimine plus de CO2 de l'atmosphère qu'elle n'en émet.
Microsoft a publié l’édition 2024 de son rapport de durabilité environnementale (2024 Environmental Sustainability Report), mettant en lumière les progrès accomplis ainsi que les défis rencontrés dans la poursuite de ses objectifs climatiques. Du côté des progrès, l’entreprise mentionne, entre autres, une réduction des émissions opérationnelles directes (Scope 1 et 2) de 6,3% en 2023. Microsoft précise avoir réduit ses émissions directes grâce à l'achat d'énergie propre et à des programmes de tarifs verts. Des investissements dans des projets de capture et de stockage de carbone sont également mentionnés.
Bond des émissions indirectes, l’IA en cause
Néanmoins, le rapport fait état d’une augmentation des émissions indirectes (Scope 3) et de la consommation d'eau, principalement attribuables à l'expansion des centres de données nécessaires pour soutenir les technologies IA. Pour rappel, les émissions indirectes sont liées aux activités hors du contrôle des entreprises mais faisant partie de sa chaîne de valeur, à la fois en amont côté fournisseur (déchets de l'entreprise, achat et transport de matériaux de fabrication, IT, déplacements des collaborateurs, etc.) et en aval côté clientèle (transport et distribution de ses produits, utilisation de ses produits, fin de vie des produits, etc). Chez Microsoft, ces émissions indirectes ont représenté plus de 96% de ses émissions totales en 2023, soit un bond de 29,1% par rapport à la référence de 2020. Raisons invoquées: la construction de nouveaux centres de données et l'utilisation de matériaux de construction à forte intensité de carbone.
Engagements à long terme non validés
Les difficultés rencontrées par Microsoft dans la réalisation de ses objectifs environnementaux sont également reflétées dans une récente décision de l'Initiative Science Based Targets (SBTi). Cet organisme a retiré Microsoft, ainsi que 239 autres signataires, de sa liste des entreprises ayant des engagements validés pour atteindre un bilan carbone net nul sur le long terme. Outre Microsoft, des entreprises telles que Procter & Gamble, Unilever et Walmart ont également été retirées de la liste. Dans le secteur IT, Atos, Splunk et Amazon ont été retirés, tandis qu'Alphabet, Meta et Apple sont toujours considérés par la SBTi comme «engagés» dans leurs objectifs zéro carbone.
Il convient toutefois de noter que les efforts déployés par Microsoft pour atteindre ses objectifs à court terme sont toujours validés par l'organisation. Dans une réaction officielle à son retrait de la liste principale du SBTi, Microsoft souligne: «Cela n'a aucun impact sur la poursuite des objectifs ambitieux de Microsoft, qui n'ont pas changé depuis qu'ils ont été définis. Microsoft continue de travailler avec le SBTi et maintient un objectif à court terme validé par le SBTi qui est aligné avec l'Accord de Paris.»