Deep dive

Credit Suisse ouvre le capot et donne des informations inédites sur son IT

Lors d’une présentation aux investisseurs, Credit Suisse a levé le voile sur les dimensions, la structure et la stratégie de son IT et de ses opérations. Via des efforts de centralisation, la banque compte réduire ses dépenses IT de 200 millions de francs à l’horizon 2023 et de 400 millions à moyen terme.

Siège de Crédit Suisse à Zurich (Source: Credit Suisse)
Siège de Crédit Suisse à Zurich (Source: Credit Suisse)

Accumulant les déconvenues et chahuté en bourse, Credit Suisse a offert à ses investisseurs un «deep dive» dans ses efforts de transformation avec en ligne de mire une réduction des dépenses opérationnelles de 200 millions de francs pour 2023. «En dépit d’un environnement de marché difficile, nous restons résolument concentrés sur la mise en œuvre de notre plan stratégique durant l’année de transition 2022, ainsi que sur le renforcement de notre culture du risque, tout en restant proches de nos clients, ce qui est un point crucial. Parallèlement, nous continuons à mener à bien la transformation numérique de la banque, qui est essentielle pour édifier une organisation à la fois robuste, évolutive et agile, qui soit apte à affronter l’avenir», a déclaré à cette occasion le CEO de l’établissement Thomas Gottstein.

100’000 serveurs, 24’400 collaborateurs et 3,2 milliards de budget annuel

Parmi les thèmes abordés, Joanne Hannaford, Chief Technology & Operations Officer, a donné un aperçu inédit de l’IT de Credit Suisse et de sa transition vers un modèle plus centralisé qui doit justement apporter les économies attendues. Comme on s’en doute, l’informatique de l’établissement est un géant dans le géant. Côté infrastructure, Credit Suisse compte 13 datacenters, plus de 100’000 serveurs physiques et virtuels, quelque 180 pétaoctet de données stockées et environ 90’000 PC. Ces systèmes supportent notamment 7 millions de sessions d’e-banking mensuelles en Suisse, ou encore 160 millions d’ordres quotidiens sur la plateforme de trading électronique.

Côté personnel, la division IT & opérations compte 28’700 employés dont 24’400 dans l’IT. Une partie importante des équipes sont localisées en Inde, plus de la moitié sont des externes et un gros tiers sont des développeurs.

Côté finances, la division Technology & Operations affiche un budget de 3,6 milliards pour 2022 dont 3,2 milliards pour la partie IT. 50% des dépenses IT sont consacrées au run, 37,5% au change et le solde à la maintenance.

Répartition des effectifs de la division Technology & Operations de Credit Suisse.

Offre numérique, cloud et cybersécurité

Selon la présentation aux investisseurs, la stratégie IT et opérations de Credit Suisse s’articule autour de 3 axes: simplifier un environnement IT fragmenté et en promouvoir la résilience, renforcer une culture de l’ingénierie orientée solutions, et investir dans des produits numériques de croissance. A titre d’exemple, l’établissement compte faire de sa banque mobile CSX une véritable plateforme intégrant de nombreux produits - notamment proposés par des tiers - et atteindre 200’000 clients fin 2022 contre 150’000 aujourd’hui.

Du côté de ses systèmes, Credit Suisse indique suivre une approche cloud first pour les nouveaux développements, avec le recours à des services cloud native et le déploiement d’une stratégie zero trust multi-cloud.

L’établissement bancaire investit par ailleurs massivement dans la cybersécurité (les dépenses ont été multipliées par 1,7 entre 2020 et 2022). Parmi les priorités, la migration vers une architecture zero trust, une approche sécuritaire intégrée by design, et une réduction de la complexité via l’automatisation et l’adoption de best practices.

Centralisation et réduction des dépenses IT

Ce sont aussi les efforts de la division Technology & Operations qui doivent permettre à Credit Suisse de réaliser des économies. La banque projette de réduire les dépenses IT de 200 millions de francs par rapport au budget 2022 de 3,2 milliards. La moitié des économies doit venir du run, l’autre moitié du change. La banque compte atteindre ces objectifs en poursuivant la centralisation de son IT, la suppression des redondances, l’abandon de certaines applications, la négociation avec les fournisseurs et des gains de productivité.

A moyen terme, les dépenses IT devraient diminuer de 400 autres millions via des mesures organisationnelles (lean-agile, internalisation des tâches à forte valeur, etc.) et techniques (approche plateforme, consolidation des datacenters, etc.).

CTO, CIO, CSO, CPO, CDO

Credit Suisse a également expliqué les rôles des principaux responsables rapportant à la Chief Technology & Operations Officer Joanne Hannaford. Ainsi, le Chief Technology Officer dirige la stratégie et le développement des services d’ingénierie d’entreprise, développe les services d’entreprise de base et favorise une culture d’innovation et d’excellence en matière d’ingénierie. Le Chief Information Officer se charge de l’ingénierie des produits/plateformes, de fournir les infrastructures pour les divisions et les fonctions de l’entreprise, et de favoriser la modernisation des technologies existantes. Le Chief Security Officer définit l’orientation stratégique de la sécurité de l’information à l’échelle de la banque et il est propriétaire des capacités d’ingénierie de la sécurité. Le Chief Product Officer dirige et facilite la création de produits et de services qui apportent de la valeur aux clients et à l’entreprise. Et le Chief Digital Officer définit et exécute les stratégies pour générer des revenus numériques, améliorer l’engagement des clients, optimiser les opérations et créer de la nouvelle valeur commerciale.

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