Pourquoi des algues bleues-vertes poussent dans un datacenter allemand
En Allemagne, l'hébergeur Windcloud a construit un nouveau datacenter affublé d’une ferme de culture d'algues. Objectif de ce projet pilote: absorber les émissions de gaz à effet de serre.
Les centres de données consomment énormément d'électricité. De plus en plus. Une étude publiée récemment dans la revue Science montre que la consommation d'énergie globale des datacenters a augmenté de 6% entre 2010 et 2018 pour atteindre 205 térawattheures, soit environ 1% de la consommation totale d'électricité sur Terre. En 2017, le chercheur suédois Anders Andrae estimait que les centres de données seraient responsables de 3,2% (c’est-à-dire 1,9 gigatonne) des émissions mondiales de gaz à effet de serre d'ici 2025.
Une voie plus verte
L’impact significatif des centres de données sur l’environnement ne doit toutefois pas être considéré comme une fatalité. Tel est le credo de l’entreprise allemande Windcloud qui veut montrer qu’une autre voie est possible. L’hébergeur a inauguré fin août une extension de son datacenter situé dans la commune d'Enge-Sande près de la frontière danoise. Un projet qui a été mené à bien et dans les délais prévus malgré la pandémie.
Le nouveau bâtiment abrite 24 racks, d’une puissance totale de 60 kilowattheures, souligne Windcloud. Qui précise que ce centre de données répond au standard européen EN 50600 VK3, garantissant «les normes les plus élevées en matière de disponibilité, de sécurité et d'efficacité énergétique».
Les atouts de ce centre de calcul ne s'arrêtent pas là, puisqu’il fonctionne presque totalement à partir d'énergie renouvelable provenant en l'occurrence des nombreuses éoliennes érigées dans la région. Autre atout, cette fois plus insolite: le toit du bâtiment accueille une ferme aquacole pour la culture d’algues spirulines qui puise directement dans la chaleur résiduelle générée par le datacenter.
Un produit naturel très tendance
La spiruline est un produit naturel en vogue, souvent vendu sous forme de complément alimentaire et même intégré dans de la nourriture pour chat. Mais cette micro-algue a plus d’un tour dans son sac: elle absorbe aussi le CO2. «L'objectif de Windcloud est d'utiliser la ferme d'algues pour réduire le CO2 pendant les opérations», explique la société, jointe par la rédaction. Durant ce projet pilote, l’hébergeur compte mesurer l’ampleur de la décomposition du gaz carbonique par la culture d’algues.
Windcloud envisage d'autres partenariats du même acabit. Un autre site pourrait abriter des centres de données directement reliés à d'autres activités qui ont besoin de chaleur. Un partenariat dans le domaine de l'agriculture d'intérieur serait par exemple possible afin de construire à l'échelle industrielle ce qui est actuellement testé sur le site d'Enge-Sande.
«En combinant alimentation en énergie renouvelable, utilisation directe de la chaleur résiduelle et réduction du CO2, nous nous rapprochons de manière décisive de notre vision d'un centre de données absorbant le CO2», déclare Wilfried Ritter, co-directeur de Windcloud.
En cas de succès, le projet pilote de Windcloud pourrait façonner les datacenters du futur. Qui sait, l’avenir de la Green IT ne sera peut-être pas exactement vert mais bleu-vert... comme la teinte des algues spirulines.