A Barcelone, l’écosystème Kubernetes montre ses muscles
La conférence Kubecon Europe 2019 vient de se tenir à Barcelone. Expert rénommé en technologies cloud native et serverless, Sébastien Goasguen* livre ses impressions d’une manifestation dont la croissance témoigne de la vitalité de l’écosystème Kubernetes.
La conférence Kubernetes and CloudNative s'est tenue du 20 au 23 mai à Barcelone. L'événement a rassemblé plus de 8000 professionnels de l'informatique désireux d'en savoir plus sur les derniers développements de l'écosystème CloudNative et de Kubernetes en particulier. Il s'agissait du plus grand événement sur le sujet en Europe à ce jour. La prochaine conférence prévue du fin novembre à San Diego devrait attirer quelque 14000 participants.
Epicentre du cloud computing
Depuis sa création en 2014, Kubernetes est devenu la norme en matière d'orchestration de conteneurs, laissant Docker Swarm loin derrière. Plus important encore, la fondation Cloud Native (CNCF) créée pour gouverner le projet Kubernetes a connu une très forte croissance. Des dizaines de projets ont rejoint la fondation (Prometheus, Helm, Rook, Envoy, etc.), si bien que l'écosystème CNCF est devenu presque impossible à saisir dans sa globalité – un autre signe de la façon dont le centre de gravité de l'industrie s’est déplacé vers l'écosystème Kubernetes. Il y a quelques années encore, la conférence Openstack était l'endroit idéal pour qui s’intéresse au coud computing, aujourd’hui c’est la Kubecon qui occupe cette place.
J'ai eu la chance d'assister à tous les Kubecon depuis sa première édition à San Francisco, alors que la conférence ressemblait davantage à une rencontre entre 300 personnes. J’ai pu m’entretenir avec plusieurs d'entre eux lors de l’édition 2019 où j'ai donné un atelier sur "Cloud agnostic serverless" avec Knative. (Lire: Knative, la technologie qui va faire le buzz en 2019)
A Barcelone, j'ai vraiment eu l'impression que Kubernetes et tout l'écosystème CloudNative ont rejoint les grandes ligues, avec un grand hall d'exposition réunissant de nombreux fournisseurs, petits et grands, dans les domaines de la sécurité, du réseau, du stockage, du cycle de vie des applications, des fournisseurs de cloud bien sûr et des services professionnels. Massive, la scène accueillant les principales conférences ressemble à celles des plus grands événements comme Google Next. On n’est plus face à une petit événement local open source, mais à un véritable événement de l'industrie où l'on discute des technologies de pointe et où l'on signe de gros contrats commerciaux.
Présence suisse dans un programme riche
Plus important encore et bien que le sentiment général soit celui de la maturité, les présentations techniques ont porté sur l'adoption et les choix techniques des utilisateurs ou les problèmes rencontrés en production, tandis que les conférences plénières ont mis l'accent sur la fiabilité, l'évolutivité et l'extensibilité. La manifestation Kubernetes a a passé le stade d’événement en vogue pour traiter les vrais problèmes de production et les besoins de productivité. Pour ceux qui ont du mal à jongler entre les présentations vitrines des sponsors, sessions techniques et autres tracks, je trouve toujours que les lightning talks apportent une grande valeur. On peut rester assis pendant deux heures et y assister à 20 présentations techniques – il s’agit en somme d'une mini-conférence à part entière, à laquelle participent environ 1'500 personnes.
Brandissant le drapeau suisse, les experts de la société VSHN (spécialisée dans Openshift) avaient un stand bien situé et ont semblé très occupés pendant toute la conférence. Autrere présence locale, le CERN a donné une brillante conférence reproduisant le traitement d’énormes quantités de données ayant conduit à la découverte du Boson de Higgs.
Continuous Delivery Foundation
J’ai particulièrement apprécié les nombreux événements et ateliers organisés en amont du congrés. J'ai notamment participé à la journée sur le serverless organisée par Google où le projet Knative a été mis en avant. Mais ce qui m'a vraiment frappé, c’est le succès de deux événements très fréquentés: Le rassemblement des OpenShift Commons et le sommet de la Continuous Delivery Foundation. Tous deux ont réuni entre 400 et 600 personnes. OpenShift s'est établi comme le leader de la distribution Kubernetes et l'empreinte Red Hat dans l'entreprise signifie que les organisations clientes sont très susceptibles d'opter pour OpenShift. La taille de la réunion Openshift Commons témoigne de cette adoption par les utilisateurs et les entreprises.
La Continuous Delivery Foundation (CDF) est la fondation qui héberge désormais les projet Jenkins et Jenkins-X ainsi que le tout nouveau projet Tekton qui issu de Knative. Si l'annonce de la CDF a créé pas mal de discussions sur Twitter - certains ne comprenant pas pourquoi Jenkins n'a pas rejoint la Cloud Native Computing Foundation - c'était surtout formidable de voir l'énorme appétit du marché pour ce sujet très important de l'informatique moderne: l’intégration et la livraison continues. Lien ici aussi avec la Suisse, puisque CloudBees, un membre fondateur de la CDF, a ses bureaux historiques à Neuchâtel.
Si vous avez raté CloudNativeCon/Kubecon, vous n’avez pas tout perdu: toutes les conférences sont en ligne et visibles sur YouTube - un autre signe de maturité de la manifestation…
*Sébastien Goasguen est un expert réputé internationalement dans le domaine des technologies cloud native. Il est l’auteur d’un guide pratique sur Docker et travaille actuellement sur Triggermesh, une plateforme pour gérer des fonctions serverless dans des cloud multiples (AWS Lambda, Google Cloud Functions, Azure Functions, Knative).