Virtual Kids

La police alémanique va s’entraîner à interroger les enfants sur des avatars

Développé par la Haute Ecole de Lucerne, l’outil Virtual Kids doit permettre aux enquêteurs de s’entraîner sur des avatars virtuels à interroger de vrais enfants. Ces interrogatoires demandent beaucoup de soin, vu la vulnérabilité des enfants et les conséquences que peuvent avoir leurs témoignages.

Avec Matteo, l'un des personnages virtuels, les procureurs ou les policiers pourront à l'avenir exercer leur technique d'interrogatoire. Matteo est programmé pour s’exprimer comme un enfant de cinq ans et de telle sorte que certaines questions peuvent le stresser ou même provoquer de faux souvenirs. (Image : HSLU/Raisa Durandi)
Avec Matteo, l'un des personnages virtuels, les procureurs ou les policiers pourront à l'avenir exercer leur technique d'interrogatoire. Matteo est programmé pour s’exprimer comme un enfant de cinq ans et de telle sorte que certaines questions peuvent le stresser ou même provoquer de faux souvenirs. (Image : HSLU/Raisa Durandi)

La Haute école de Lucerne (HSLU) a développé un logiciel permettant aux enquêteurs de s’entraîner à interroger les enfants au moyen d’un avatar «intelligent». L’institution explique que ces interrogatoires sont particulièrement exigeants.

Les réponses des enfants peuvent être déterminantes dans les procédures pénales, mais les enfants sont aussi particulièrement vulnérables aux situations d’interrogatoire. Ils peuvent être influencés, stressés, prendre peur et parfois relater des souvenirs qu’ils n’ont pas vraiment vécus, ce qui peut conduire à des erreurs de jugement. «Les pseudo-souvenirs peuvent provoquer des troubles traumatiques considérables et conduire à la rupture de relations importantes», explique Susanna Niehaus,  psychologue légale en charge du projet et professeure à la HSLU.

Tous ces facteurs exigent donc beaucoup de précaution et la Haute école de Lucerne propose depuis plusieurs années des formations continues dédiées. Pour des raisons éthiques évidentes, les enquêteurs ne peuvent toutefois pas exercer leurs techniques sur des enfants, d’où l’idée de développer un logiciel simulant ces situations, explique l’institution.

Pour développer l’outil, la HSLU a créé une équipe interdisciplinaire des départements Informatique et Travail social de la HSLU et de la ZHAW School of Engineering, réunissant des experts en psychologie légale, en informatique, en game design, en animation et en linguistique informatique.

Ensemble, ils ont donc créé l’outil «Virtual Kids», qui permet d’interroger des personnages enfantins sur un ordinateur. Les avatars sont préalablement «dotés des souvenirs d’un événement» et entraînés à s’exprimer comme des enfants. «Un enfant de cinq ans n'utiliserait pas des phrases complexes et le même vocabulaire qu'un adulte», explique Don Tuggener, spécialiste en linguistique informatique à la ZHAW.

Les avatars sont également programmés pour répondre différemment selon la manière dont ils sont interrogés, notamment lorsque les questions sont suggestives. Ils réagissent aussi par leurs mimiques et leur langage corporel, par exemple lorsqu’un question déclenche de la peur ou du stress.

La solution va être expérimentée prochainement par des apprentis enquêteurs. Dès l’automne, Virtual Kids devrait faire l’objet d’une expérience pilote. Les concepteurs souhaitent notamment évaluer dans quelle mesure les personnes ainsi formées parviennent effectivement par la suite à mieux interroger les enfants. Potentiellement l’outil pourrait par la suite servir à l’entraînement des enquêteurs dans toute la Suisse alémanique, voire dans d’autres pays germanophones. Et qui sait être adapté pour d’autres langues.

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