AGI, croissance, change management

«Révolution GenAI»: Le patron de Microsoft remet les pendules à l’heure

Lors d’un podcast, Satya Nadella, CEO de Microsoft, a tenu des propos à contre-courant pour le patron d’un géant de la tech, sur la course à l’IA générale, sur la réalité économique de la révolution GenAI, et sur le travail de gestion du changement qui s’annonce du côté des entreprises utilisatrices.

Patron de Microsoft, Satya Nadella était l'invité de Dwarkesh Patel. (Source: capture d'écran, Youtube)
Patron de Microsoft, Satya Nadella était l'invité de Dwarkesh Patel. (Source: capture d'écran, Youtube)

Invité au podcast de Dwarkesh Patel, Satya Nadella a exprimé ses réserves quant à l’impact business de l’IA générative et aux promesses d’une intelligence artificielle générale. Ses propos ne devraient pas étonner quiconque observe le développement du marché de l’IA générative de manière dépassionnée - ce qui n’est pas aisé. 

On peut en revanche s’étonner - voire se réjouir - que l’avertissement émane du patron de Microsoft, pourtant aux avant-postes de la GenAI. La firme de Redmond a en effet conclu une alliance forte avec OpenAI dans la foulée de la sortie de ChatGPT - investissement, mise à disposition de capacités de calcul à un tarif très préférentiel -, elle s’est dépêchée de déployer Copilot dans tous ses produits, et elle continue d’étendre ses infrastructures IA. 

La piqûre de bon sens de Satya Nadella est intéressante, car Microsoft à une vue très claire des usages et de la demande des entreprises en matière de GenAI. En tenant ces propos, le CEO prend ses distances du discours hyperbolique dominant dans le secteur technologique - ses investisseurs ne pourront pas lui faire le procès d’avoir alimenté le buzz. Il lui est d’autant plus facile de le faire que son partenariat avec OpenAI est moins fort, depuis le rapprochement de cette dernière avec Softbank dans le cadre de la joint venture Stargate.

IA générale? La vraie révolution se verra dans le PIB

Dans sa conversation avec Dwarkesh Patel, le CEO de Microsoft se montre particulièrement critique sur les avancées proclamées vers une intelligence artificielle générale de niveau humain (AGI). « On s’emballe un peu avec tout ce battage autour de l’AGI.  Pour moi, ce qu’on fait aujourd’hui, c’est hacker des benchmarks».

Pour Satya Nadella, on pourra dire que l’on dispose d’une abondance d’intelligence disponible à la demande quand le PIB des pays développés enregistrera un bon de plus de 10% ou d’au moins 5% (en plus de l’inflation). Signalons à cet égard qu’un tel surcroît de croissance dû à l’IA est loin de faire l’unanimité chez les économistes (> Voir: L’IA, le Nobel d’économie et le PIB suisse).

Le patron de Microsoft ajoute que si cette croissance se manifeste, elle ne viendra pas des fournisseurs d’IA mais des entreprises utilisatrices. Alors que la dynamique du marché est dans le développement de l’offre (investissements massifs, modèles, infrastructures), il faudra à un moment donné que cette offre rencontre une demande, et donc des revenus d’inférence, ajoute-t-il. Relevons que toute l’industrie mise sur cette soudaine explosion de la demande qui tarde à se manifester (> Voir: Ce que pensent les fournisseurs IT romands du business GenAI).

Repenser les processus, développer le «Lean» du travail cognitif

Pour que cette demande des entreprises explose, il faudra qu’elles repensent leurs processus, analyse Nadella: «Tous ceux qui travaillent dans le domaine de la connaissance vont devoir s’atteler à une gestion du changement radicale. Soudain, ils vont devoir trouver de nouvelles manières de réaliser leur travail. Et cela va prendre du temps, qu’il s’agisse des fonctions de vente, de finance ou de supply chain».

Le patron de Microsoft compare le changement à venir à ce qu’a apporté l’approche Lean dans l’industrie: «C’est un peu développer le Lean pour le travail cognitif, et cela va nécessiter un travail acharné des équipes de management et des individus». Il ne juge pas que les emplois de la connaissance vont disparaître pour autant: «Il ne faut pas confondre le travailleur de la connaissance et le travail de la connaissance. Le travail de la connaissance actuel sera peut-être automatisé, mais une fois cela fait, on cherchera une tâche de plus haut niveau, qui dit que mon objectif de vie est de trier mes e-mails?». 

> L'intégralité de l'entretien est disponible sur X et sur Youtube.
 

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