Première IA autonome de radiologie autorisée en Europe
La start-up lituanienne Oxipit a obtenu la certification CE pour sa solution d’IA capable de décréter de façon totalement autonome qu’une radiographie des poumons ne présente pas d'anomalies. En cas de doute, l’analyse reste réalisée par un radiologue.
Les radiologues doivent-ils craindre pour leur emploi à cause des progrès de l’intelligence artificielle? La question fait désormais tout à fait sens puisqu'un premier outil autonome d'analyse de radiographies pulmonaires a obtenu la certification CE. Les autorités européennes ont en effet estimé que la suite d'imagerie ChestLink, développée par la start-up lituanienne Oxipit, est suffisamment fiable pour effectuer des diagnostics sans l'intervention d’un médecin. ChestLink a été testé avec succès au cours d’une phase pilote, traitant plus de 500’000 radiographies pulmonaires réelles. L’IA n’a fait aucune erreur clinique, précise Oxipit dans son annonce.
Les radiologues se concentrent sur les cas suspects
Les concepteurs de ChestLink se veulent rassurants pour les radiologues, précisant que l'IA ne les rendra pas obsolètes «ou du moins pas dans les 20-30 prochaines années». La solution n'étant autorisée à produire un rapport que pour les patients dont la radiographie ne montre à coup sûr aucune anormalité. «ChestLink établit de manière autonome des rapports sur les radiographies pour lesquelles l'application est hautement convaincue que l'image ne présente aucune anomalie. Cela signifie que l'application doit être sûre que le patient est en bonne santé sans le moindre doute», précise la documentation d’Oxipit. Au moindre soupçon, la solution confie aux radiologues l'analyse de la radiographie et le rapport associé.
Avant de pouvoir être utilisée de façon autonome, la solution est entraînée au sein de chaque établissement où elle est déployée, via une analyse rétrospective de l’historique des données radiologiques. ChestLink estime quelle part des radiographies sans anomalies peut être déterminée avec une grande certitude. La plateforme marque les radiographies sans anomalies et compare ces résultats avec les rapports du radiologue. En outre, les faux négatifs potentiels et les erreurs de rapport sont analysés au cas par cas. Cette étape permet entre autres la validation de la solution sur les données de l'établissement de santé.
A noter qu’Oxipit ne mentionne pas de faculté d'auto-apprentissage pour sa solution. Il faut dire que les systèmes de machine learning, susceptibles d’apprendre de se modifier une fois déployés, posent des défis aux organismes de certification qui doivent adapter la réglementation en conséquence.
Le marquage CE obtenu pour ChestLink ouvre la voie à des déploiements cliniques dans 32 pays européens. Les opérations entièrement autonomes dans un cadre clinique devraient commencer début 2023.