La nouvelle intelligence: surfer sur la vague de données
La masse de données d’une entreprise double tous les 18 mois. Afin de ne pas sombrer mais de surfer sur cette vague de données, il est indispensable de disposer d’une stratégie de gestion des informations.
L’exemple souvent cité de Walmart aux États-Unis montre clairement où résident les défis. Avec plus de 8 400 filiales dans le monde et deux millions d’employés, Wal-Mart génère plus de 200 millions de transactions quotidiennes. Rollin Ford, CIO de Walmart, s’est récemment exprimé sur le sujet: «Nous avons une saine paranoïa à l’égard du déferlement de données qu’il nous incombe de gérer.» La capacité d’extraire des informations judicieuses de la masse importante d’informations constitue un facteur de succès toujours plus critique pour les entreprises. Or, pour pouvoir y arriver, il est essentiel de pouvoir interconnecter les différentes données. Le secteur de la téléphonie mobile en fournit un exemple simple. Dans ce domaine, il est usuel que les informations relatives à un client soient liées au seul numéro de téléphone qui lui est attribué. Si cette manière de faire est aisée, elle ne fait pas toujours sens, car il n’est pas possible d’acquérir une image consolidée d’un client qui possède deux numéros. Il est ainsi très difficile de réaliser des analyses pertinentes de la clientèle et de mettre en place des initiatives marketing adaptées.
Quand la politique d’administration des données devient un outil de gestion
La nécessité de disposer d’une stratégie d’administration des données pour l’ensemble de l’entreprise se fait d’autant plus sentir lorsque les départements informatiques ont auparavant réalisé sur demande des projets isolés.
Une majorité de sociétés a encore du retard en matière de gestion des données. Les politiques correspondantes sont intimement liées aux stratégies des entreprises, qui doivent analyser les données dont elles disposent et décider quelles informations elles souhaitent en extraire. Lorsqu’elles ont réalisé leur feuille de route, les exigences posées à l’infrastructure informatique se clarifient pratiquement d’elles-mêmes et peuvent être formulées pour l’ensemble de la société.
Une fois franchie cette étape, bon nombre de CIO et de
Responsables informatiques disposent alors pour la première fois d’une vision d’ensemble de ce que les différentes divisions attendent d’eux. S’ils ne pouvaient auparavant que réagir à des demandes ponctuelles et concevoir des solutions isolées, ils peuvent désormais répondre aux exigences en suivant un concept global. Cette évolution leur permet d’agir de manière bien plus efficace et présente de nombreux avantages pour les différentes unités de l’entreprise.
De nombreuses sociétés ont défini et communiqué la stratégie adoptée pour une mise en place réussie de leurs processus métier. Toutefois, seule une minorité d’entre elles disposent également d’une stratégie de gestion des informations et d’une idée claire des objectifs qu’elles souhaitent atteindre à travers cette dernière. Or, la politique d’administration des informations devrait constituer une approche globale, visant à mettre à profit les données afin d’atteindre les buts que s’est fixés l’entreprise.
Les interfaces, clefs du succès
Une fois la conception du système informatique réalisée, il faut procéder à la définition de la stratégie de gestion des informations. La communication et les interfaces jouent ici un rôle clef. Il s’agit d’interconnecter les systèmes des unités des finances, du personnel ou des achats à l’échelle de l’ensemble de la société, afin de permettre un accès à ces données et à ces informations qui n’apportent de plus-value que si elles sont mises en corrélation. Ce sont en effet elles qui permettent à une entreprise de prendre de l’avance sur la concurrence, que ce soit sur le plan stratégique ou opérationnel. Un projet de Migros Suisse orientale l’illustre bien. L’entreprise comprend des centaines de filiales. Grâce à une supervision consolidée de l’énergie et de la maintenance des congélateurs, des climatiseurs, des installations de chauffage, des ascenseurs, etc. à l’échelle de la société, Migros est parvenue à réduire sa consommation d’électricité de 15 %. Les économies d’eau ont quant à elle atteint 40 % et celles de chauffage 45 %.
De manière générale, une infrastructure informatique est constituée de solutions logicielles, de serveurs, de mémoire et de réseaux intégrés et optimisés permettant à l’entreprise, à ses clients et à ses partenaires de disposer en tout temps d’informations sûres et fiables. Lors de la conception de leur infrastructure, les sociétés doivent tenir compte de divers éléments tels que la conformité, la disponibilité, la conservation et la sécurité des informations. Pris en compte dans le cadre d’une politique de gestion des informations, ces divers éléments peuvent être combinés de manière optimale, permettant de disposer d’une infrastructure répondant parfaitement aux besoins des différentes unités des entreprises.
Le casse-tête des données non structurées
La nature des données est un autre élément qui donne du fil à retordre aux CIO. Si, dans le passé, ces derniers avaient avant tout à gérer des données structurées, ils ont aujourd’hui de plus en plus à faire à des données non structurées: e-mails, documents, images, textes de forums de discussions, etc. Grâce à des technologies de recherche intelligente, ces contenus présents sur internet et les intranets peuvent être judicieusement structurés et analysés. Le projet mené par le ministère autrichien de la justice en collaboration avec IBM est un bon exemple de ce à quoi cela peut ressembler dans la pratique: une recherche sémantique intelligente permet de comparer les textes de loi européens et autrichiens et d’identifier les points sur lesquels la république alpine est en conflit avec Strasbourg.
Ringnes est quant à elle un bon exemple d’une société qui est parvenue à combiner intelligemment infrastructure et stratégie d’information. Le grand brasseur norvégien livre chaque année 500 millions de litres de boissons à des restaurants et des détaillants. Ringnes équipe chacun de ses produits de petits senseurs (puces RFID), ce qui lui permet d’avoir une vision claire des lieux où se trouvent ses produits et en quelle quantité. Ainsi est-elle en mesure de coordonner de manière optimale sa logistique avec celle de ses clients, ses livreurs et ses propres fabriques. Il en découle une limitation des coûts des services logistiques et un accroissement de la satisfaction de la clientèle.
La conception et la mise en place de tels projets supposent avant tout l’intégration des différentes fonctions au sein de l’entreprise. S’il était auparavant rare que les divisions opérationnelles et l’unité informatique mènent des actions communes, il s’agit maintenant d’une condition préalable au bon déroulement des processus métier. La stratégie d’information, l’infrastructure correspondante et la mise en pratique du projet doivent se dérouler de concert. C’est ainsi que l’entreprise évitera d’être submergée par la vague de données et parviendra à surfer sur sa crête.
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