Guido Jouret, ABB: «Le machine learning rend une usine plus efficace»
Guido Jouret est Chief Digital Officer de la multinationale suisse ABB, spécialisée dans les technologies de l’énergie et de l’automation. En charge du développement et du déploiement des solutions numériques du groupe, il évoque les défis et le potentiel de l’internet industriel.
Quels sont les moteurs de l’adoption de l’internet des objets par les industries?
L’adoption des technologies numériques et IoT par les industries est encouragée par une combinaison de plusieurs facteurs. La réduction des coûts, bien sûr. Mais aussi la disponibilité de technologies performantes d’abord développées pour les particuliers et désormais matures. Dans les années 90 et 2000, le domaine industriel a pris du retard en matière de digitalisation. Il n’est cette fois plus question de temporiser pour adopter des technologies innovantes telles que l’internet des objets, mais aussi la réalité virtuelle, le machine learning, l’intelligence artificielle, la blockchain ou encore les drones. Ces différentes innovations technologiques sont en mesure de résoudre de nombreux problèmes dans les usines et les infrastructures industrielles.
En quoi consiste votre offre ABB Ability?
ABB fournit depuis plusieurs décennies des logiciels d’automatisation et des systèmes d’information. Aujourd’hui, quand nous mettons au point un robot industriel ou un moteur connecté, nous puisons dans des briques logicielles communes qui composent la plateforme Ablility qui se place au cœur de notre portefeuille de solutions digitales. L’offre inclut entre autres des solutions de gestion de la performance, des systèmes de charge pour voiture électrique, des solutions de surveillance de robots et de gestion de la navigation pour les flottes maritimes. Ainsi que des systèmes de contrôle qui captent les données, les analysent et permettent d’agir dessus. De plus en plus, nous proposons nos systèmes également en mode cloud, donnant aux entreprises l’opportunité de partager leurs données et de tirer profit de cette connectivité, notamment grâce aux services Azure IoT de Microsoft et aux capacités d’intelligence artificielle d’IBM Watson.
Pourquoi collaborez-vous avec le secteur ICT?
Parce que nous avons besoin les uns des autres. Ces fournisseurs ont tout à gagner de notre expérience en automatisation des usines et des processus industriels, un monde qu’ils ne connaissaient pas. Alors que de leur côté des groupes comme ABB profitent des innovations développées en premier lieu pour les particuliers. Mais aussi de l’expertise de ces fournisseurs ICT en matière de cybersécurité. Certaines entreprises du domaine industriel appréhendent de mettre leurs données dans le cloud. Mais elles devraient sérieusement se poser la question: sont-elles en mesure de garantir un niveau de sécurité comparable à celui de prestataires qui, à l’instar de notre partenaire Microsoft, investissent 1 milliard de dollars par an en cybersécurité et emploient des milliers de spécialistes se consacrant exclusivement à ces problématiques?
Les industries ont-elles tout le temps intérêt à faire appel au cloud?
A mon avis, la question cruciale ne va progressivement plus être: faut-il se connecter au cloud? Il faut plutôt déterminer quelles données sont pertinentes ou non à interconnecter. Partager des données via des solutions de machine learning rend une usine plus efficace mais, en parallèle, ces mêmes données optimisent également les infrastructures des concurrents. Cela dit, n’oublions pas que les bénéfices sont réciproques et à mon avis, une entreprise n’a en ce sens pas intérêt à rester complètement sur son île.