La pandémie érode la confiance de la population mondiale dans la tech
La confiance dans les technologies et les sociétés qui les développent a perdu de sa superbe avec la pandémie, selon le baromètre de la confiance d’Edelman. Avec la numérisation accélérée de ces derniers mois, de nombreuses menaces sont devenues palpables, à commencer par celle de voir son emploi disparaître.
A bien des égards, le secteur technologique semble le grand gagnant de la crise pandémique. Des vidéoconférences aux apps de traçage, on n’a jamais autant déployé et recouru à des outils numériques pour travailler et vivre au quotidien. En même temps, l’explosion des usages fait aussi grandir les craintes qui accompagnent ces technologies. Résultat, les sociétés de la tech perdent de leur crédit, comme le montre l’édition 2021 du baromètre de la confiance d’Edelman basé sur une vaste enquête auprès de 33’000 adultes dans une trentaine de pays.
Certes, la population sondée continue d’accorder davantage de confiance aux entreprises technologiques qu’à celles des autres branches, de la santé à l’industrie en passant par les banques. Mais ce sont les sociétés tech qui ont le plus perdu de crédit entre 2020 et 2021. Selon l’indice d’Edelman, la confiance dans ces entreprises a atteint son plus bas niveau historique dans 17 des pays sondés. Aux Etats-Unis, la tech est passé de la première à la neuvième place des branches auxquelles la population «a confiance qu’elle fait ce qui est juste».
Cette baisse de confiance concerne également les sous-secteurs technologiques abordés dans l’enquête d’Edelman. Entre 2020 et 2021, la confiance dans les entreprises actives dans l’intelligence artificielle, l’internet des objets, la 5G, et la réalité virtuelle a perdu des plumes, alors qu’elle avait augmenté de 2018 à 2020. La défiance à l’égard de ces sociétés est particulièrement importante en Europe et en Amérique du Nord, alors qu’elle l’est moins en Asie-Pacifique et en Amérique latine.
Accélération de la numérisation, accélération des craintes
Davantage que de créer de nouveaux dangers, la vague de numérisation de ces 18 derniers mois a sans doute rendu les risques plus palpables. Avec la réduction des horaires de travail et avec en parallèle le bond des achats en ligne, les caisses en self-service, les chatbots et tous les outils déployés pour des interactions à distance, sans contact, prises en charge ou automatisées à l’aide d’outils informatiques, la menace du numérique sur l’emploi est devenue tangible. Plus de la moitié de la population sondée par Edelman s’inquiète ainsi que la pandémie n’accélère le rythme auquel les entreprises remplacent les collaborateurs par des robots et de l’intelligence artificielle.
La dépendance accrue aux moyens numériques tant pour le travail que pour la vie quotidienne a aussi rendu le risque cyber plus concret. D’autant plus que les attaques, y compris contre des établissements de santé, se sont multipliées et ont gagné en visibilité. Un tiers de la population sondée par Edelman craint aujourd’hui des cyberattaques.
Enfin, la pandémie a vu de nombreux pays recourir à des outils numériques pour surveiller et contenir la pandémie, à l’instar des apps de notification d’exposition, comme Swisscovid, et d’enregistrement dans les établissements publics, comme Socialpass. Le baromètre d’Edelman montre que, depuis le début de la pandémie, la disposition des populations à partager des informations personnelles de santé et de localisation avec les autorités pour contenir la progression du virus a reculé de 6 points.
Le crédit et la responsabilité des employeurs
Face à ces diverses craintes, l’entreprise s’affirme dans de nombreux pays comme la seule institution à laquelle la population accorde encore sa confiance. Contrairement aux gouvernements, aux médias et aux ONG, l’entreprise est jugée à la fois éthique et compétente, selon le baromètre d’Edelman. En fait, davantage encore que dans les entreprises en général, c’est dans leur employeur que les sondés ont le plus confiance. Et c’est aussi aux informations sur les sujets majeurs que leur donne leur employeur qu’ils se fient le plus, davantage même qu’aux informations livrées par les autorités et les médias.
Corollaire de ce crédit, les entreprises et leurs dirigeants endossent une grande responsabilité, analysent les auteurs du baromètre. C’est à eux de prendre l’initiative sur les sujets qui inquiètent, qu’il s’agisse d’IA responsable, d’automatisation et de formation, ou encore de fiabilité dans les informations.
> Sur le sujet: Confiance et numérique, des rapports compliqués