Nouvelle recherche

Les datacenters consomment-ils vraiment toujours plus d’énergie?

Une étude parue dans Science considère que, grâce à de multiples gains en efficience, la croissance du cloud et des datacenters de ces dernières années ne s’est pas directement traduite par une explosion de l’énergie consommée. Les chercheurs avertissent néanmoins qu’il pourrait en aller différemment à l’avenir.

Source: Fotolia
Source: Fotolia

On connaît l’équation: particuliers et entreprises utilisent de plus en plus de services numériques dans le cloud, ces services reposent sur l’infrastructure de datacenters énergivores, donc l’énergie consommée par le numérique grandit à grande vitesse. Une étude qui vient de paraître dans la revue Science* contredit ce scénario jugé simpliste et propose des estimations moins pessimistes, sur la base de différents gains en efficience réalisés ces dernières années. Le patron suisse du cloud de Google Urs Hölzle, s’est sans surprise dépêché de relayer une étude qui «valide nos efforts et ceux des leaders de notre industrie».

Augmentation des charges compensée par une meilleure efficience

Les auteurs de l’article de recherche estiment que la plupart des analyses tablant sur une explosion de l’énergie consommée par les centres de données extrapolent cette consommation «d’en haut» et négligent les progrès «d’en bas» réalisés ces dernières années.

Selon leurs calculs, l’exploitation des centre de données a certes considérablement augmenté entre 2010 et 2018: 6 fois plus de workloads, 10 fois plus de trafic, 25 fois plus de stockage.

Ils jugent toutefois que les gains d’efficience réalisés durant la période, compensent grandement cette augmentation. Les auteurs estiment notamment que les progrès réalisés dans les microprocesseurs font que l’électricité consommée par un serveur a fortement diminué (4 fois mouse selon leurs calculs). Ils citent aussi les gains considérables côté stockage (9 fois moins d’électricité par terabyte).

Ils citent enfin les effets bénéfiques de la virtualisation (augmentation des instances de calcul par serveur physique) et le déploiement de centres de données jouissant d’une meilleure efficacité énergétique (le PUE mesurant le rapport entre l’énergie utile des équipements IT et celle du datacenter dans sa totalité).

Au final, les chercheurs concluent que l’augmentation des workloads est relativement décorrélée de la consommation énergétiques des centres de calcul qui les hébergent. Ils estiment ainsi qu’en 2018 les datacenters ont consommé 6% d’énergie de plus qu’en 2010, alors que les workloads ont été multipliés par six durant la période.

Ne pas se reposer sur ses lauriers

Pour les chercheurs, ces résultats contrastent avec les prédiction d’une croissance rapide et inexorable de la demande en énergie. Ils avertissent toutefois qu’ils seraient faux de considérer qu’il en ira de même à l’avenir: «L’industrie informatique, les opérateurs de centres de données et les décideurs politiques ne peuvent pas se reposer sur leurs lauriers ; des efforts diligents seront nécessaires pour gérer une éventuelle forte croissance de la demande énergétique une fois que les gains en efficience auront été pleinement exploités». Et ils rappellent que le nombre d’instance de calcul pourrait doubler au cours des trois ou quatre prochaines années.

(*) Recalibrating global data center energy-use estimates

Tags
Webcode
DPF8_172043