L’usage des données RH est tendance, mais pas sans risque
L’utilisation de la masse de données désormais disponible sur ses salariés peut être un facteur d’efficacité, voire d’attractivité pour les entreprises assure Deloitte… à condition de bien communiquer et de ne pas lésiner sur la sécurité. La grande majorité des sociétés suisses est convaincue, mais seules 30% se disent prêtes à relever ce défi.
Deloitte a étudié l’utilisation croissante que font les entreprises des données concernant leurs ressources humaines. Si l’analyse de ces data offre de nouvelles opportunités pour mieux embaucher les talents, fidéliser les employés et optimiser l’allocation de la main d’œuvre, elle pose aussi des questions éthiques et forcent les entreprises à faire des efforts en termes de sécurité, de respect de la vie privée et de transparence.
Lire le niveau de stress dans les emails
Parmi les sociétés employant les 11’000 cadres et responsables RH interrogés autour du monde par le cabinet de conseil, 69% se penchent sur le sujet de l’analyse des données concernant leurs employés et 17% ont déjà mis en place des dashboard leur donnant des résultats en temps réel. Des solutions existent aujourd’hui pour mesurer la productivité, repérer les fraudes ou même identifier un salarié stressé sur la base des emails échangés. Mais 60% des répondants se disent également préoccupés par la façon dont les employés perçoivent cette utilisation de leurs données.
Deloitte prévient aussi du risque de biais inhérent à l’utilisation d’algorithme pour prendre des décisions, comme le montre l’exemple du logiciel recruteur misogyne d’Amazon. «Des stratégies comme l'anonymisation et le chiffrement peuvent permettre aux organisations d'utiliser efficacement les données personnelles tout en gérant les risques associés au stockage et au traitement de divers types de renseignements personnels», conseillent les auteurs de l’étude qui invitent également les entreprises à communiquer intensément sur les données recueillies et l’usage qui en fait afin d’engager les salariés dans cette démarche plutôt que de susciter des levées de bouclier.
30% des entreprises suisses sont prêtes
Un focus sur la centaine de sondés Suisses pour cette enquête montre que, sur ce sujet de l’exploitation des données sur les employés, 38% des entreprises de la Confédération utilisent des outils de reporting opérationnel (coûts, usage, conformité) et 35% des outils de reporting avancé (benchmarking, analyse des tendances dans le temps). En revanche seules 18% utilisent des solutions d’analyses avancées (analyse statistique, corrélation, facteurs de causalité) quand 8% sont entrées dans l’ère de l'analyse prédictive. Et ce dans un contexte où près de 9 entreprises suisses sur 10 voient dans ces données sur le capital humain «des opportunités et des risques» que moins d’un tiers se disent prêtes à affronter.