Rapport de l'ASB et de Quantum Basel

Les espoirs du secteur bancaire en matière d'informatique quantique

par Joël Orizet et traduction/adaptation ICTjournal

Les ordinateurs quantiques représentent une menace pour les méthodes de chiffrement actuelles, posant ainsi des défis au secteur financier. Mais pour les banques et les assurances helvétiques, ces technologies ne présentent pas que des risques, mais aussi des opportunités, relève l'Association suisse des banquiers dans un rapport.

(Source: Bartek Wróblewski / stock.adobe.com)
(Source: Bartek Wróblewski / stock.adobe.com)

Les ordinateurs quantiques passeront probablement bientôt du laboratoire à la production industrielle - reste à savoir quand et de quelle manière cela se produira. Les estimations vont de la fin des années 2020 aux années 2030. Mais les répercussions potentielles sur le secteur financier se dessinent déjà, indique un rapport de l'Association suisse des banquiers (ASB) et de la société Quantum Basel.

Le rapport vise à mettre en évidence les risques et les opportunités des ordinateurs quantiques pour le secteur financier. Il en ressort que le potentiel se révèle particulièrement important dans quatre domaines d'application: 

  • Dans la gestion et le suivi des risques, les ordinateurs quantiques permettent d'analyser les interdépendances complexes entre les actifs et les produits dérivés et d'effectuer un suivi presque en temps réel.Dans la gestion de fortune, les ordinateurs quantiques peuvent optimiser les portefeuilles grâce à des calculs parallèles et à de meilleures simulations, ce qui permet d'obtenir des rendements plus élevés.
  • Dans le domaine du trading algorithmique, les ordinateurs quantiques permettent d'établir des algorithmes plus efficaces et plus précis pour le trading sur les marchés financiers.
  • Les ordinateurs quantiques permettent de construire et d'entraîner plus rapidement et à moindre coût des modèles d'intelligence artificielle qui peuvent ensuite fournir des modèles prédictifs plus précis et plus efficaces lorsqu'ils sont utilisés dans le monde des affaires.

Grâce à leur capacité à effectuer des calculs et des simulations complexes de manière plus efficace et plus précise, les ordinateurs quantiques offrent donc aux banques et aux assureurs de nouvelles possibilités d'application et une longueur d'avance en matière de calculs et d'analyses, selon les auteurs du rapport. 

Récolter maintenant, déchiffrer plus tard

Toutefois, il existe également un risque que les ordinateurs quantiques cassent les méthodes de chiffrement actuelles, utilisées dans les systèmes informatiques des banques. En raison des risques liés aux attaques dites «Harvest now, decrypt later»  (« Récolter maintenant, déchiffrer plus tard») et du long délai d'introduction du chiffrement quantique, l'informatique quantique représente déjà un défi à prendre au sérieux, constatent les auteurs du rapport. Ils en tirent des recommandations d'action suivantes pour les banques, les autorités de régulation et la sphère politique:

  • Les banques devraient adapter en permanence les directives de sécurité existantes et développer une feuille de route pour l'introduction du chiffrement quantique. En outre, elles devraient développer leurs capacités en matière d'informatique quantique en collaboration avec des organisations et des instituts de recherche spécialisés. Il s'agit notamment de soutenir la recherche d'application avec les universités et les instituts de recherche suisses afin de renforcer le savoir-faire mutuel et de garantir à l'avenir un pool de talents suffisamment important.
  • Les autorités de régulation et de surveillance du secteur financier devraient entretenir un dialogue régulier avec le secteur afin de comprendre les domaines d'application de l'informatique quantique dans le secteur financier et d'identifier à temps les besoins d'action potentiels. D'un point de vue réglementaire, l'ASB recommande la retenue. Les risques potentiels liés à l'utilisation de l'informatique quantique sont suffisamment couverts par la réglementation actuelle, qui est neutre sur le plan technologique et basée sur des principes, indique le rapport.
  • L'utilisation de nouvelles technologies telles que l'informatique quantique, l'IA et les technologies de registres distribués (Distributed Ledger Technology, DLT) est décisive pour garantir la compétitivité, la capacité d'innovation et la résilience de la place financière suisse à long terme. En conséquence, les décideurs de l'industrie financière, les autorités et les responsables politiques devraient poser dès aujourd'hui les jalons afin d'exploiter les opportunités offertes par l'informatique quantique dans l'industrie financière au cours des prochaines décennies et d'identifier et de réduire à temps les risques qui y sont liés.
     
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