Evénement

Focus sur les robots logiciels aux Swiss IT Forum(s)

Les 20 et 21 septembre, les Swiss IT Forum(s) ont attiré plus de 1500 visiteurs. Au programme de l'évènement, la table ronde consacrée à l’automatisation intelligente des processus, organisée par ICTjournal, a rendu compte de la diversité des cas d’usage de robots logiciels (RPA), de leurs avantages et inconvénients, ainsi que des défis techniques et organisationnels qu’ils peuvent poser.

L'Evénement Connecté (le LEC) a fait place à un nouveau salon recentré sur les thématiques de l’IT. Les 20 et 21 septembre, à Palexpo (Genève), a eu lieu la première édition des Swiss IT Forum(s). Contacté par la rédaction, son organisateur Yannick Bazin précise d’emblée que le rendez-vous se conjugue désormais au pluriel. Avant de partager sa satisfaction: «Je suis très satisfait de cette première édition. Le repositionnement centré sur l'IT, un événement à taille “humaine” et la durée d'un jour et demi sont un succès. Les échanges avec les exposants vont dans ce sens avec une vraie qualité de contacts et d'ores et déjà beaucoup de renouvellements de participation.» 117 exposants ont répondu présent. Les Swiss IT Forum(s) 2022 ont attiré un total de 1'530 visiteurs (répartition quasiment égale entre la première demie journée et la journée du 21). «Le pari était osé en période post Covid, mais je pense humblement qu'il est réussi, tout en restant prudent, car c'est dans le temps que l'on pourra réellement juger de la pertinence du concept», ajoute Yannick Bazin.

L’une des tables rondes organisées lors de la première après-midi avait pour thème l'automatisation intelligente des processus métiers. Orchestrée par Rodolphe Koller, rédacteur en chef de ICTjournal, cette session a notamment fait ressortir à quel point les solutions de robots logiciels (RPA) sont employées dans des domaines diversifiés et pour servir des objectifs multiples. Les trois intervenants venus témoigner ont en effet chacun une expérience passablement différente avec l'automatisation, leur déploiement respectif n'ayant ni le même niveau de maturité ni la même finalité.

Projet RPA mené depuis une année à la Ville de Lausanne

Julia Aymonier, CIO à la Ville de Lausanne, supervise un projet RPA depuis une année. Il s'agit avant tout de libérer du temps qui occupe les métiers sur des tâches de saisie manuelle. Pas question toutefois de tout automatiser sans discernement. Un étudiant en Master a été sollicité pour mettre au point un outil permettant de choisir les processus susceptibles de l'être. Des critères tels que la fréquence et l’ampleur des tâches ont été pris en compte, ainsi que la disponibilité de données déjà totalement numérisées.

Le type de robot privilégié par la CIO est qualifié de «attended», assisté par l’humain, par opposition aux logiciels «unattended» qui tournent indépendamment en tâches de fond. L’un des principaux challenges évoqués consiste à rassurer les collaborateurs métiers (qui craignent parfois que le robot prennent leur job) et les convaincre de tout le potentiel de ces technologies.

150 robots logiciels chez Louis Dreyfus Company

Global Head of Intelligent Automation chez Louis Dreyfus Company (LDC), Aurélien Debruxelles a de son côté expliqué que la multinationale active dans les matières premières s’est engagée il y a quatre ans sur ce créneau qui implique aujourd'hui non seulement l’IT mais aussi les métiers (logistique et finance). L'objectif était d'augmenter la production des centres de services, d’améliorer la qualité de travail de collaborateurs spécialisés et de fournir une meilleure visibilité sur les processus internes.

Au début du projet, les processus stables et générant un minimum d'exceptions ont été choisis. Par la suite, il est apparu nécessaire de créer un comité de pilotage pour aligner le déploiement de l'automatisation sur les enjeux stratégiques de l'organisation, à renfort d’objectifs et d’indicateurs clés mesurant aussi bien l’efficacité que le nombre de transactions automatisées. Par exemple, la part de contrats traités par des robots dans une région donnée. L’organisation compte aujourd'hui environ 150 robots logiciels. Un attirail qui demande une bonne dose d’agilité lorsqu'il est question de devoir adapter les processus automatisés, par exemple lors de changements de politique de sécurité.

Projet RPA pilote au Centre patronal

Responsable Innovation & Transformation digitale au Centre patronal (Vaud), Yannick Hauser a mis en place un projet de RPA pilote afin de combler les lacunes d’une solution de traitement des affiliations AVS aujourd'hui obsolète et qui ne sera remplacée qu'en 2025. Avec le robot logiciel mis en place, le processus d’affiliation ne demande plus que 2 à 3 minutes contre une dizaine de minutes en mode manuel. Le gain de productivité, estimé à 400 heures par années, est donc important. Le projet fait appel à des robots «attended». Un choix notamment motivé par le souci de rassurer les collaborateurs amenés à s'approprier cette technologie qu’ils ne connaissent pas.

Le spécialiste en innovation numérique a par ailleurs mentionné certains défis techniques, soulignant l’importance de considérer, lors du déploiement, toutes les interactions et éventuelles frictions entre les différentes applications d'un environnement de travail (le processus d’un robot «unattended» risque par exemple d'être interrompu par un appel Teams).

Avantages et inconvénients

En fin de discussion, les intervenants ont résumé les avantages et inconvénients des solutions RPA. Du côté des points positifs, on retiendra entre autres la facilité de mise en place et le fait que ces projets font parfois ressortir la nécessité de refaçonner les processus pour les optimiser. Sans oublier les gains de temps et d’efficacité: les employés dont les tâches ont été automatisées ne gèrent plus que les exceptions et peuvent concentrer leurs ressources sur des tâches plus exigeantes.

Du côté des inconvénients, mentionnons notamment le risque de déployer des robots logiciels à tout va, en négligeant le développement de solutions plus robustes et pérennes. Il faut également prendre garde à ne pas totalement déresponsabiliser les employés qui, le jour où les robots ne fonctionneront plus, pourraient ne plus être en mesure de mener à bien leurs tâches.

Webcode
DPF8_268848