Pénurie d'électricité: quel impact pour les datacenters suisses?
Bien que considérés comme des infrastructures critiques, les centres de données suisses ne sont pas à l’abri de restrictions énergétiques. Ils devraient cependant pouvoir employer leurs générateurs de secours de manière étendue. Des groupes électrogènes dont l’emploi comme centrales de réserve est par ailleurs en cours d’analyse à l’Office fédéral de l’énergie.
On le sait, la Suisses est menacée d’une pénurie d’électricité l’hiver prochain. Les appels à économiser de l’énergie se multiplient et le Conseil fédéral envisage le recours exceptionnel à des centrales de réserves fonctionnant au pétrole et susceptibles de produire 300 MW, soit 80% de la puissance de la centrale nucléaire de Mühleberg.
En cas de pénurie d’électricité, diverses mesures sont prévues, comme des contingentements, voire, dans le cas extrême, le délestage cyclique sur l’ensemble du territoire, autrement dit des coupures de courant programmées de plusieurs heures.
Pas de traitement de faveur a priori
Qu’est ce que cela signifie pour l’alimentation énergétique datacenters? Contacté par la rédaction, l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays (OFAE) explique que les centres de données sont considérés comme des infrastructures critiques, mais que cela ne leur garantit pas un traitement différencié. Pour l’OFAE, ce n’est ainsi qu’en situation de crise que leur sort serait décidé: «En fonction de la situation, certains consommateurs relevant de l’approvisionnement de base peuvent être partiellement ou totalement exemptés des mesures de gestion. Cette évaluation n’est toutefois possible que dans une situation de crise concrète». En conséquence, l’OFAE ajoute que «les exploitants d’infrastructures critiques et les entreprises dont l’approvisionnement est essentiel sont également tenus d’exploiter leur potentiel d’économie d’énergie en cas de pénurie d’électricité».
Utilisation prolongée des génératrices de secours
Pour faire face à des coupures de courant, les datacenters sont normalement équipés de groupes électrogènes de secours. Ces génératrices devraient pouvoir être utilisées de manière prolongée. Le Conseil fédéral a en effet décidé de supprimer temporairement les valeurs limites de l’ordonnance sur la protection de l’air et éventuellement de l’ordonnance sur la protection contre le bruit de février à mai 2023. L’OFAE précise à ICTjournal qu’en cas de contingentement, «les générateurs pourraient alors être utilisés à grande échelle, y compris pour les centres de calcul».
Groupes électrogènes réquisitionnés?
Le Conseil fédéral examine par ailleurs si les génératrices de secours pourraient servir de centrales de réserve. Selon le communiqué de l’exécutif, il existe en Suisse quelque 300 groupes électrogènes de secours offrant une puissance totale d’environ 280 MW. Des génératrices dont sont notamment équipées les hôpitaux et les datacenters.
Le recours à ces génératrices serait toutefois compliqué, souligne le Conseil fédéral: «les propriétaires devraient approuver l’utilisation à ce titre, et il y a encore des questions de logistique à régler (recours à l’énergie, achat de combustibles, rétribution)». Chargé de recenser et d’évaluer la possibilité ne serait-ce que technique, d’utiliser les génératrices de secours pour pallier une pénurie, l’Office fédéral de l’énergie ne souhaite pas en dire davantage. «Pour des raisons de confidentialité et de sécurité, nous ne pouvons pas vous donner une liste des sites ou des exploitants de ces groupes électrogènes de secours», écrit l’OFEN à la rédaction. Et d’ajouter: «La question de savoir si et comment ces groupes électrogènes de secours peuvent être utilisés comme centrales de réserve pendant l’hiver prochain est actuellement analysée. Toutefois, les premières analyses ont montré que cela impliquerait de très grands défis logistiques».
