La 5G va réduire l’empreinte carbone du numérique… vraiment?
Alors que les partisans de la 5G assurent que certaines de ses applications vont générer des économies d’énergie, un déploiement sans discernement et à large échelle devrait toutefois augmenter l’empreinte carbone du numérique, avertit le think tank The Shift Project.
La transformation numérique à l’œuvre dans la plupart des secteurs d’activité va de pair avec un accroissement notable des volumes de données. Comment limiter l’impact de ce phénomène sur la consommation énergétique et l’aligner sur les objectifs de décarbonation de nos sociétés? The Shift Project s'attèle à trouver des réponses dans la nouvelle édition de son rapport sur l'impact environnemental du numérique. Le think tank utilise le déploiement de la 5G comme «illustration grandeur nature des questions à poser explicitement pour dimensionner et piloter un système numérique pertinent basé sur des choix technologiques réfléchis et raisonnés.»
Les débats entourant les effets de la 5G sur l'environnement et la santé sont vifs, notamment en Suisse, où la population serait néanmoins plus sensible aux promesses qu’aux craintes suscitées par cette technologie mobile de cinquième génération. Désormais, les opérateurs devraient d’ailleurs pouvoir la déployer sans être freinés par certains cantons adeptes du principe de précaution, tels que Genève, dont le moratoire anti-5G vient d'être invalidé.
Appel au déploiement d’une «5G raisonnée»
Partant du constat que les progrès technologiques permettant de réduire les besoins énergétiques des terminaux et réseau sont systématiquement compensées par l’évolution des usages, le Shift Project estime nécessaire de déployer une «5G raisonnée» en se basant notamment sur une gouvernance concertée, afin d’en encadrer les usages. Sans quoi l’augmentation des impacts de la 5G paraît inévitable. Les partisans de la technologie affirment que certaines de ses applications permettent une diminution des empreintes carbones. Cependant, selon le Haut Conseil pour le Climat (instance consultative indépendante française), le déploiement de la 5G devrait engendrer une augmentation de 18 à 44% de l’empreinte carbone du numérique à horizon 2030.
Les nouveaux usages appellent de nouvelles capacités
Pour encadrer le déploiement de la 5G et limiter son impact environnemental, il convient de peser le pour et le contre de chaque usage. Et d’avoir conscience que les usages qui se développent appellent de nouvelles capacités. Dans un contexte de recours accru à la visioconférence, «la 5G permettrait d’éviter la congestion du réseau 4G en zones denses, mais pose la question de l’harmonisation du déploiement pour mettre à niveau les zones peu denses, qui pourrait être très coûteuse sur le plan énergétique», notent les auteurs du rapport. La technologie mobile de cinquième génération permettrait d’assurer une connectivité homogène et fiable aux voitures autonomes. Mais cette mobilité futuriste requiert a priori des capacités d’acquisition, de traitement et de communication de données bien plus énergivores que les usages actuels. Des pratiques telles que le cloud gaming et le streaming vidéo ultra haute résolution, quant à elles, poussent les consommateurs à acheter de nouveaux smartphones à empreinte environnementale potentiellement plus importante.
Le rapport du Shift Project plaide donc pour déployer la 5G avec discernement. Concernant des usages professionnels spécifiques comme la téléchirurgie et l’industrie 4.0, le déploiement se devra d'être «sélectif, limité aux zones et aux cas où il permet des usages pertinents».