La monnaie de Facebook inquiète les autorités de protection des données
Plusieurs autorités en charge de la protection des données ont sommé Facebook de leur fournir des éclaircissements sur le projet de cryptomonnaie libra. Le Préposé fédéral à la protection des données a de son côté entrepris des démarches en parallèle, la Suisse étant dans une position particulière puisque l'association Libra est basée à Genève.
La libra ne préoccupe pas uniquement les banques centrales. Le projet de cryptomonnaie de Facebook suscite également son lot de craintes en matière de privacy. Plusieurs autorités en charge de la protection des données, notamment américaines, australiennes, britanniques et canadiennes, ont ainsi formellement sommé le réseau social de leur fournir des éclaircissements. Dans une lettre commune, les régulateurs expriment leurs préoccupations compte tenu du passif peu reluisant du réseau social quant à l'utilisation des données de ses membres.
La missive fait observer que Facebook et Calibra (filiale qui va éditer un porte-monnaie numérique dédié à la libra) se sont contentés de déclarations trop générales et n'ont pas abordé spécifiquement les pratiques de traitement de l'information qui seront en place pour sécuriser et protéger les informations personnelles. «Etant donné les plans actuels pour une mise en œuvre rapide de la libra et de Calibra, nous sommes surpris et préoccupés par le fait que ces détails supplémentaires ne sont pas encore disponibles», précise le communiqué commun. Les régulateurs adressent ainsi à l’association Libra une liste de questions précises, telles que: comment le réseau Libra Network intégrera les principes de privacy by design? Comment l'association Libra s'assurera-t-elle que tous les responsables du traitement des données au sein du réseau Libra sont identifiés et respectent leurs obligations? Comment le réseau Libra s'assurera-t-il que ses règles, normes et contrôles en matière de protection des données et de protection de la vie privée s'appliquent dans toutes les juridictions?
La surveillance de libra entre-t-elle dans les compétences du PFPDT?
Si le Préposé fédéral à la protection des données (PFPDT) ne s’est pas joint à la déclaration commune de ses confrères, c’est que la Suisse se trouve dans une position particulière vis-à-vis de ce projet de cryptomonnaie. Auditionné par la Commission bancaire du Sénat américain mi-juillet, le Genevois David Marcus (responsable du développement de la cryptomonnaie de Facebook) avait précisé que puisque l’association Libra est basée dans la cité de Calvin, c’est la Suisse qui sera amenée à superviser les questions relatives à la privacy concernant le réseau Libra. Or, le PFPDT n’avait à l'époque pas eu de contact avec Facebook ou l'association. Le 17 juillet, il a écrit à Libra Association, lui demandant de l’informer afin de pouvoir examiner dans quelle mesure seraient engagées ses compétences légales de conseil et de surveillance. L’association a répondu à la lettre et promis une réponse rapide. Un communiqué du PFPDT datant du 6 août indique que l’association a désigné un cabinet d'avocats suisse et a accepté de fournir des informations plus détaillées sur le projet. «Le PFPDT analysera d'abord ces informations assurées afin d'évaluer dans quelle mesure ses compétences de conseil et de surveillance s'appliquent. Ce n'est qu'alors qu'il pourra se joindre à toute déclaration ou prendre position sur le projet Libra et son réseau dans son ensemble», explique le service d'information du PFPDT.