Ce qu’il faut savoir sur la libra, la cryptomonnaie lancée par Facebook
Développée par les équipes de Facebook, la cryptomonnaie libra devrait voir le jour en 2020. Basée à Genève, l'association créée pour gérer cet écosystème de services financiers a publié un livre blanc fourmillant de détails sur ce projet déjà soutenu par près de trente entreprises et organisations, dont des systèmes de paiements et des services web populaires.
La cryptomonnaie développée par Facebook jouit désormais d’une existence officielle. Après des mois de rumeurs, le réseau social a dévoilé Libra. Cet écosystème de paiement reposant sur une blockchain dédiée sera géré par l’association indépendante éponyme. Basée à Genève et à but non lucratif, cette structure va superviser la gestion et l’évolution de l’écosystème.
La libra, c’est quoi?
Conçue pour permettre d’envoyer de l’argent à n’importe qui et de n’importe quel endroit à moindre coût, la cryptomonnaie libra repose sur une blockchain pour l’heure privée. Cette dernière est développée dans une optique d’évolutivité, de sécurité, d’efficacité de stockage et de débit, souligne le livre blanc publié aujourd’hui 18 juin par l’association. La libra est une forme de «stable coin», ces crypto-monnaies censées conserver un cours plus stable que les principales crypto-monnaies dont le bitcoin. Pour garantir cette volatilité limitée, la libra repose entièrement sur une réserve d’actifs réels. «Divers dépôts bancaires et titres gouvernementaux à court terme seront conservés dans la réserve Libra pour chaque libra créée, afin de renforcer la confiance envers sa valeur intrinsèque», lit-on dans le livre blanc. Le code pour la blockchain est publié en open source sur Github et un premier réseau testnet est d’ores et déjà accessible aux développeurs.
Pour quand, pourquoi et pour qui?
Le lancement est prévu pour le premier semestre 2020. Le projet a pour objectif de devenir un écoystème libre et interopérable de services financiers. Consommateurs, développeurs ou entreprises pourront utiliser le réseau Libra, et y créer des produits et services financiers. L’association insiste sur le fait que le système qu’elle s’occupera de gérer donnera au plus grand nombre la possibilité d’accéder à des services financiers. «Les développeurs et les entreprises pourront créer des nouveaux produits financiers inclusifs destinés aux citoyens du monde entier», explique l'association, qui souligne que 1,7 milliard de personnes, soit 31% de la population adulte mondiale, sont encore privés de services bancaires. Le marché cible prioritaire de Libra est donc tout désigné.
Quel rôle joue Facebook?
Facebook a joué un rôle clé dans la création de la blockchain Libra mais s’applique désormais à se dissocier en partie du projet. Le réseau social a pour ce faire créé la filiale Calibra, dont les rênes sont confiées au Genevois David Marcus, ex-patron de Paypal passé chez Facebook en 2014. C’est lui qui a supervisé ces derniers mois les équipes blockchain au sein de la firme de Mark Zuckerberg. Avec la création de Calibra, Facebook explique se donner la possibilité de créer et opérer des services en utilisant le réseau Libra (Calibra va lancer un portefeuille numérique en 2020). Avec cette répartition des activités, la fime souhaite aussi garantir la séparation des données sociales et des données financières. Une démarche qui fait sens au regard des scandales liés à l'utilisation abusive des données personnelles des membres du réseau social… Facebook devrait continuer de jouer un rôle moteur en 2019 au sein de l’écosystème Libra mais le pouvoir décisionnel final incombera à l’ensemble des membres de l’association éponyme. «Facebook ne sera qu’un membre parmi d’autres et son rôle dans la gouvernance de l’association sera égal à celui de ses homologues», souligne le livre blanc.
Qui sont les premiers partenaires?
Les membres de l’association se composent actuellement de 27 entreprises, organisations institutions universitaires diverses et d’origines variées. Outre Facebook avec Calibra, mentionnons les acteurs du secteur des paiements Mastercard, PayPal, Stripe et Visa. Booking.com, eBay, Lyft Spotify et Uber sont aussi de la partie et l’on peut imaginer que ces services en ligne accepteront dès que possible la libra comme moyen de paiement. Les groupes télécoms Iliad (maison-mère de Free fondée par Xavier Niel) et Vodafone sont également membres, de même que diverses sociétés blockchain et de capital-risques. Aucune firme suisse n’est pour l’heure dans le coup.
Blockchain privée ou publique?
Pour participer à l’écosystème, chaque partenaire doit débourser au moins 10 millions de dollars, somme donnant accès à un nœud de validation des transactions s’opérant sur la blockchain Libra. Cette dernière est donc pour le moment privée, puisqu’un accès doit être accordé pour faire tourner un nœud de validation. Mais l’association précise que l'objectif est de rendre sa blockchain publique dans les cinq prochaines années, donc d’en faire un réseau sans permission et décentralisé à l’instar des blockchains qui sous-tendent la plupart des cryptomonnaies les plus popuilaires.