Données personnelles: protéger et innover
Bon gré mal gré, de nombreuses entreprises suisses ont démarré leur mise en conformité avec la nouvelle règlementation européenne en matière de protection des données. Parce qu’elles y sont contraintes ou parce qu’elles se rendent bien compte qu’il s’agit là d’une dynamique inexorable.
A Berne en revanche, le parlement suisse tarde à doter le pays d’une loi protégeant les données personnelles adaptée à l’époque actuelle. Les craintes quant à une réglementation excessive s’alignant sur Bruxelles n’ont pas lieu d’être, car une protection des données moderne et responsable constitue à la fois un atout concurrentiel et un vecteur d’innovation.
L’argument peut sembler paradoxal dans un monde où les leaders technologiques ont justement bâti leur domination en exploitant massivement et systématiquement les données de leurs utilisateurs. Et où collecter des données sur la clientèle, en tirer des enseignements via le big data et le machine learning, et utiliser ces informations pour commercialiser efficacement des offres ciblées voire personnalisées, constitue le dénominateur commun de nombreux modèles d’affaires à succès.
Si les data sont le fuel qui alimente la nouvelle économie, la confiance est bien l’huile qui graisse ses rouages.
Pourtant, si les data sont le fuel qui alimente la nouvelle économie, la confiance est bien l’huile qui graisse ses rouages. Et le nouveau cadre législatif doit justement fournir des règles du jeu équitables et responsabilisantes, de manière à instaurer un climat de confiance propice au commerce en l’absence de contact physique entre entreprises et clients.
Pour autant néanmoins que la nouvelle règlementation ne rende pas le web innavigable en transformant l’expérience des utilisateurs en un enfer de conditions à approuver. Voilà un belle opportunité d’innover pour les entreprises: élaborer des expériences utilisateur conviviales intégrant les nouvelles contraintes. Un chantier pour les experts UX, mais pas seulement, comme en témoigne le projet de recherche co-développé à l’EPFL qui s’appuie sur le machine learning pour rendre les conditions générales plus lisibles pour les utilisateurs. L’un des chercheurs ne s’en cache pas: «le respect de données peut être un argument de vente».