Les EPF lancent leur ambitieux centre national pour la science des données
Au cours d’une journée de discours officiels et de conférences pointues, l’EPFL et l’EPFZ ont lancé leur Swiss Data Science Center (SDSC), pôle d’excellence qui vise à promouvoir l'innovation dans la science des données. L’objectif est aussi de combler le fossé qui existe entre les Data Scientists et les experts de domaines scientifiques spécifiques.
Initiative conjointe de l’EPFL et de l’EPFZ, le Swiss Data Science Center (SDSC) a été officiellement inauguré hier 6 février, au sein d'un hôtel de luxe de la campagne bernoise. Visant à promouvoir l'innovation dans la science des données, la recherche multidisciplinaire et la science ouverte, ce pôle d’excellence aux effectifs répartis entre Lausanne et Zurich accueillera une équipe de 30 à 40 scientifiques de différents domaines. Dans son discours d’introduction, face à plus d’une centaine d’invités composés essentiellement de chercheurs de Suisse et d’ailleurs, le nouveau président de l’EPFL Martin Vetterli a expliqué qu’en collaborant dans le cadre du SDSC, les écoles polytechniques fédérales pouvaient aider le pays à l’heure où la digitalisation de l’industrie et de la société devient un domaine stratégique. Président de l’EPFZ, Lino Guzzella a ensuite exprimé son souhait que le SDSC permette notamment une prise de conscience des politiques quant à la nécessité de développer une expertise dans le domaine pour que la Suisse reste compétitive et à la pointe de l’innovation.
Création d’une plateforme pour encourager l'adoption de la science ouverte
Olivier Verscheure, directeur exécutif du SDSC formé à l’EPFL, a présenté plus en détails les activités du centre. Communiquant son enthousiasme d’avoir accepté ses nouvelles responsabilités après plusieurs années chez IBM, cet expert du big data et de l’analytique a expliqué que la mission principale du SCDC consistera à stimuler l’adoption de la science des données aussi bien dans le monde académique que dans l’industrie. Et de préciser: «Nous objectif est de combler le fossé qui existe entre les Data Scientists et les experts de domaines scientifiques spécifiques.» Bref, de faire en sorte d’aider les fournisseurs de données, les informaticiens et les spécialistes du domaine à parler la même langue. Un défi de taille que le SDSC entend relever via le développement d’une plateforme ouverte pour héberger, indexer, explorer et analyser les données issues de différents programmes de recherches. Par le biais d’une démo en live (sans le moindre accroc!), Olivier Verscheure a survolé les fonctionnalités de cette plateforme cloud baptisée Insights Factory, laquelle exploite une pile de logiciels et services tiers, dont Jupyter et GitHub. Insights Factory a pour vocation de contribuer à l'adoption de la science ouverte et permet aux chercheurs de publiées leurs données, de rechercher, d'exploiter et de mettre à jour des données et algorithmes partagés par d’autres scientifiques. «Nous avons conscience que certains chercheurs seront réticents à publier leurs données pour des questions de confidentialité et nous travaillons à garantir leur anonymisation», a souligné en guise de conclusion le directeur exécutif du SDSC.
Focus sur la médecine personnalisée et les sciences de l’environnement
La journée d’inauguration du SDSC s’est poursuive par une intervention passionnante du jeune et brillant Jure Leskovec, professeur à l'Université de Stanford et responsable Data Science du service Pinterest. Il a exposé différentes recherches en science des données, mettant aussi en exergue leurs implications potentiellement problématiques, éthiques notamment, par exemple dans le domaine judiciaire: acceptera-t-on de remplacer les juges par des algorithmique s’il est prouvé que leurs jugements sont plus fiables? Les invités ont ensuite eu droit à un programme d’interventions pointues de chercheurs impliqués en Suisse dans des projets amenés à bénéficier des services cloud mis au point par le SDSC. Recherches menées entre autres dans les domaines de la médecine personnalisée, des humanités numériques et des sciences de l’environnement.