SAP, Microsoft et IBM lancent des solutions data-driven pour mesurer l’empreinte carbone des entreprises
Les règlementations aidant, les entreprises sont de plus en plus attentives à leur empreinte carbone et à sa mesure. Pour y répondre, SAP et Microsoft viennent de lancer coup sur coup des offres SaaS de collecte et de suivi des données environnementales, tandis qu’IBM prévoit d’intégrer à ses solutions les outils d’Envizi, un start-up spécialisée rachetée en début d’année.
SAP vient de donner davantage de détails sur son offre SAP Cloud for Sustainable Enterprises annoncée en janvier. Destiné à faciliter la gestion de la performance en matière de durabilité, le portefeuille comprend notamment un outil de suivi de haut niveau (SAP Sustainability Control Tower), un outil d’analyse d’impact au moment de la conception des produits et emballages (SAP Responsible Design and Production), et un outil de mesure et de gestion de l’empreinte carbone des produits (SAP Product Footprint Management). Ce dernier exploite les données des différents systèmes de S/4HANA et des données tierces sur le cycle de vie des produits pour ensuite calculer l’empreinte carbone au niveau d’un site de production ou des produits et catégories.
La "tour de contrôle" environnementale de SAP.
La solution SAP Product Footprint Management offre par ailleurs une API standard développée par le World Business Council for Sustainable Development (Partnership for Carbon Transparency ou PACT), qui permet aux entreprises participant la chaîne d’approvisionnement de s’échanger des données sur leur empreinte carbone. Des informations qui peuvent ensuite venir renseigner les autres composants de S/4HANA (achats, business planning, etc.) de manière à tenir compte de la durabilité dans l’ensemble des opérations.
Emissions de Scope 3
L’offre de SAP répond à l’une des difficultés importantes des entreprises dans leurs efforts de durabilité: mesurer leur impact, suivre leurs progrès en la matière, mais aussi et de plus en plus en rendre compte aux autorités règlementaires. L’autorité américaine SEC exige notamment depuis peu que les entreprises rendent compte non seulement de leurs émissions directes (combustion d’énergie fossile, scope 1) et indirectes (consommation d’énergie pour fabriquer un produit, scope 2) mais aussi de leurs émissions annexes (extraction de matières premières, transport des employés et trajets des clients, scope 3). Cet agenda règlementaire explique aussi pourquoi d’autres éditeurs leaders ont également lancé récemment des solutions dans le domaine ces derniers mois.
Microsoft et IBM dans la course aux suivi de la durabilité
Microsoft vient ainsi d’indiquer que son «Cloud for Sustainability» sera disponible dès le 1er juin. Annoncée l’an dernier, cette solution SaaS doit aider les entreprises à mesurer, gérer et réduire leur empreinte carbone dans leur organisation et tout au long de leur chaîne de valeur. La solution propose des outils à trois niveau. Premièrement au niveau de la collecte de données internes et externes sur les émissions avec des connecteurs, un modèle de données commun et des algorithmes de calcul spécifiques aux sources et activités. Deuxièmement au niveau de l’exploitation des données avec des outils de visualisation, des suggestions et des templates pour préparer les rapports publics de conformité. Troisièmement au niveau du monitoring avec des tableaux de bord permettant de fixer et suivre les objectifs de réduction.
L'outil de Microsoft fournit notamment des suggestions pour réduire l'empreinte environnementale.
De son côté, IBM a acquis en début d’année la start-up Envizi, un éditeur leader dans la gestion de la performance environnementale. Son logiciel automatise la collecte et la consolidation de 500 types de données et supporte les principaux frameworks de reporting environnemental, explique IBM. La multinationale prévoit d’intégrer la solution d’Envizi avec plusieurs de ses propres outils: IBM Maximo (gestion d’actifs), IBM Sterling (supply chain), IBM Environmental Intelligence Suite et IBM Turbonomic (déploiement automatisé des workloads IT dans différents environnements sur la base de leur performance, coût et émissions).
Salesforce, Google et les éditeurs spécialisés
Dans le domaine, Salesforce fait office de pionnier. En 2019 déjà, l’éditeur dévoilait le Salesforce Sustainability Cloud, une plateforme offrant aux entreprises une vue complète de leur impact environnemental et exploitant les données pour renseigner et orienter l’action des entreprises en la matière. Compte tenu du regain d’attention et des réglementations, l’éditeur CRM a développé et présenté une nouvelle mouture de sa plateforme rebaptisée «Net Zero Cloud 2.0».
La solution de Salesforce intégre le suivi des émisisons de Scope 3.
Google n’est pas en reste. L’an dernier, la firme de Mountain View a dévoilé l’outil gratuit Carbon Footprint, disponible via la console d’administration, qui permet de mesurer, suivre et rendre compte des émissions brutes de carbone associées à l’électricité consommée pour l’usage de ses services cloud. Carbon Footprint propose en outre une première intégration pour associer ces données d’émissions à celles fournies par la solution de Salesforce.
Outre les gros éditeurs qui enrichissent leur portefeuille avec des outils dédiés à la mesure de l’impact environnemental, d’autres sociétés plus petites se sont spécialisées dans le domaine de la comptabilité carbone. A l’instar du français Greenly qui cible les PME ou de l’américain Persefoni focalisé sur les grandes entreprises et qui a levé 100 millions de dollars l’automne dernier.