L'administration fédérale pourrait remplacer ses traducteurs par une IA
A l’avenir, les documents officiels de l’administration fédérale pourraient être traduits à l’aide du service allemand DeepL. L’outil de traduction en ligne est testé depuis plusieurs mois.
Faire traduire les documents officiels par des robots plutôt que par des traducteurs? L’idée semble faire son chemin au parlement fédéral. Depuis plus d’une année, un projet piloté par un groupe de travail mis sur pied par les services linguistiques fédéraux expérimente la traduction à l’aide du service DeepL, selon une information du Tages Anzeiger. Des initiatives parlementaires, de nouvelles réglementations et des rapports officiels font partie du test, dont les conclusions devraient être connues d’ici quelques semaines.
Les traducteurs obsolètes?
L’utilisation de DeepL au sein de l’administration fédérale permettrait d’importantes économies, mais pourrait également menacer les postes des 450 traducteurs permanents qui traduisent 370’000 pages par année, sans compter les mandats privés pour environ 10 millions de francs. Toutefois, la Chancellerie fédérale se refuse à spéculer sur la question d’éventuelles réductions d’effectifs.
Lancé en 2017 par la société allemande Linguee, DeepL Translator est un système de traduction automatique basé sur l’intelligence artificielle, et plus précisément les réseaux de neurones convolutifs (un type de réseau de neurones artificiels inspiré par le cortex visuel des animaux). Disponible gratuitement, il fonctionne en français, allemand, anglais, espagnol, portugais, italien, néerlandais, polonais et russe.
La question de la protection des données
L'Association Suisse des Traducteurs et Interprètes (ASTTI) considère cependant ce service comme un danger. «Les textes traduits avec DeepL sont stockés sur les serveurs externes de l'entreprise afin de former et d'améliorer les algorithmes de traduction. La confidentialité et la protection des données ne sont pas garanties», avertit la présidente de l’association Roxane Jacobi dans les colonnes du Tages Anzeiger. Elle critique également la qualité des traductions, estimant qu’elles ne sont pas mauvaises, mais «généralement pas optimales».