Antoine Coetsier, Exoscale: «Notre approche est fondamentalement différente de celle d’une entreprise»
L’automne dernier, Veltigroup a lancé une plateforme de services cloud basée en Suisse romande, sous le nom d’Exoscale. Responsable de la définition et la mise en œuvre de l’infrastructure sous-jacente, Antoine Coetsier a expliqué à notre rédaction ses choix et les défis d’un tel déploiement.

En quoi consiste l’offre cloud que vous avez mise en place?
Le projet a été initié en été 2011 suite à une étude de marché, avec l’objectif de déployer une plateforme à même de proposer l’ensemble du spectre de services cloud, de l’IaaS au SaaS. Les premiers produits ont été lancés en bêta en octobre dernier et en production en janvier de cette année. Il y a d’une part des services d’infrastructure cloud avec du CPU de la mémoire et du stockage à la demande, et une offre de back-up à la demande. A l’autre bout du spectre, nous proposons un véritable SaaS pour la gestion d’évènements. En parallèle, nous avons également lancé une offre pour la connexion entre l’entreprise et l’environnement cloud, et, récemment, un service de monitoring hébergé, pour toutes les infrastructures, cloud ou sur site, physiques ou virtuelles. Enfin, notre plateforme nous permet aussi de proposer des solutions sur mesure, par exemple dans le domaine VDI, qui est de plus en plus demandé.
Quel type d’infrastructure avez-vous déployé?
Nous nous appelons Exoscale et notre choix technologique repose sur cette identité : il faut qu’elle soit extensible. Nous avons donc immédiatement loué des salles complètes dans deux centres de données et conçu une infrastructure sur le principe de pods. Chaque pod étant un assemblage de capacités de calcul et de stockage que nous pouvons reproduire à foison. Contrairement à ce que ferait sans doute une entreprise, nous avons délibérément opté pour des pods de taille réduite, que nous ajoutons au fur et à mesure des besoins, et sur lesquels se répartissent les charges. Ce concept fondamentalement cloud nous permet de gagner en stabilité avec un impact minimal sur la performance. Il faut d’autre part préciser que nous proposons en fait deux types de services d’infrastructure - Entreprise et Premium – qui répondent à des besoins distincts et dont les briques reposent sur du matériel et des outils de management complètement différents.
Quelles sont les différences entre ces deux types de services et de brique?
Notre offre Enterprise est un service mainstream, standardisé, économique et aussi self-service que possible, qui repose sur la solution Cloudstack, rachetée récemment par Citrix. Cet outil nous sert à gérer nos pods en même temps qu’il sert d’interface pour les entreprises. Les responsables IT peuvent notamment y provisionner des machines et du stockage, mettre en place des VPN et du load balancing, ajouter des réseaux ou définir des snapshots, sur la base de templates prédéfinis. En ce qui concerne l’infrastructure, nous avons opté pour des pods assemblés spécialement pour nous avec des choix technologiques qui nous sont propres, jusque dans les détails. Pour notre service Premium, les choix sont complètement différents: on est plus proche du cloud hybride et l’offre est beaucoup moins standardisée. Le service est ici intégralement basé sur vCloud, un choix naturel puisque nous sommes le plus gros intégrateur VMware en Suisse. Les responsables IT peuvent y tailler exactement les ressources dont ils ont besoin, provisionner des environnements lorsque leur centre de données est plein, faire du testing, de l’import-export de machines virtuelles, etc. Au niveau de l’infrastructure, les choix sont également différents avec des pods plus gros, composés de serveurs HP à beaucoup de cœurs, Hitachi pour le SAN et Cisco pour le réseau. Une combinaison que nous connaissons et que nous maîtrisons parfaitement puisqu’elle est en production chez plusieurs de nos clients.
Ces solutions de management suffisent-elles à obtenir les informations nécessaires à la facturation?
Non, il faut faire appel à des outils supplémentaires. Pour l’offre Entreprise, nous travaillons avec Amysta, un produit tiers qui récupère l’usage de CloudStack, réalise le metering et prépare un export pour notre ERP, afin que l’utilisation puisse être facturée. Cette solution permet en outre au client de suivre lui aussi sa consommation en cours. En ce qui concerne notre offre Premium et l’environnement VMware, nous employons l’outil Chargeback de l’éditeur, qui ne nous fournit toutefois pas automatiquement toutes les données dont nous avons besoin, notamment l’utilisation d’options, telles que le VPN ou les adresses IP publiques.
Ces solutions requièrent encore beaucoup de travaux de configuration côté client. Comment voyez-vous les choses évoluer?
Le pilotage de l’infrastructure va sans doute gagner en automatisation. A moyen terme, nous allons vraisemblablement proposer une sorte d’app store avec des applications pré-assemblées par nos soins pour notre infrastructure cloud et vendues à un prix fixe par mois. Cela nous permettra d’apporter une valeur ajoutée supplémentaire en intégrant notre savoir-faire dans l’élaboration de ces packages. Aujourd’hui déjà, un client peut uploader et lancer en une fois son applicatif et redéployer son environnement de production à l’envi… pour autant qu’il ait fait en amont tout ce travail de packaging.
Plusieurs fournisseurs mettent en avant des systèmes pré-intégrés. Est-ce une option que vous envisagez?
Non. Mais, en tant que prestataire cloud, notre approche est fondamentalement différente de celle d’une entreprise. L’enjeu pour nous a consisté à industrialiser notre infrastructure et son extension afin de remplir les SLA de façon économique. Nous n’avons pas besoin de systèmes intégrés pour lesquels nous devrions payer un surcoût. Tout comme nous n’employons pas de serveurs blades, même s’ils sont plus faciles à gérer et à changer. Lorsque nous déployons un serveur, il conservera sa configuration toute sa vie. Une entreprise a d’autres besoins et d’autres priorités en matière d’infrastructure.
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