Métavers, IA génératives, récession… les CIO sont-ils prêts pour 2023?

Dans son rapport «Tech Trends 2023», le cabinet Info-Tech dégage sept tendances et prodigue des conseils aux CIO concernant l'année à venir.

Métavers

On sait que des travaux sont en cours pour établir des normes ouvertes pour le métavers, par exemple au sein du Metaverse Standards Forum. Des efforts qu’Info-Tech qualifie d’essentiels en vue de voir un jour se concrétiser la vision d’un métavers défragmenté. Bien que poussé par les géants de la tech, le métavers ne suscite encore que peu d'intérêt côté entreprises, selon l’enquête d’Info-Tech. Ainsi, environ deux-tiers des firmes interrogées n'ont pas l'intention de mettre en place des modes d'interactions en réalité virtuelle, ce qui suggère que le métavers comme solution de travail hybride est encore en phase de conceptualisation. Seule une entreprise sur quatre a déjà réalisé une preuve de concept ou prévoit de le faire. Info-Tech soulignent en particulier le potentiel du métavers et des jumeaux numériques pour la conception et la maintenance d'équipements ou d'environnements complexes. Les analystes conseillent toutefois aux entreprises de ne pas plonger tête baissée dans le métavers et de prendre le temps d'acquérir les connaissances nécessaires.

IA génératives

Modèles entraînés à l'aide d'un nombre massif de données pour produire des œuvres originales, l'intelligence artificielle générative ne se limite pas aux arts visuels, rappelle Info-Tech. Les entreprises pourraient par exemple s'en servir pour améliorer leurs analyses en matière de cybersécurité ou faire de la maintenance préventive ou encore du contrôle de qualité. Le sondage du cabinet d’études place la BI, l'automatisation de tâches répétitives et l'identification des cyber-risques au sommet des cas d’usage de l’IA en général. Les modèles dits génératifs pourraient justement améliorer les performances de ces trois domaines. Par exemple en convertissant des données non structurées dans un format plus organisé. Le cabinet conseille entre autres aux départements IT d'acquérir des connaissances sur ces IA car les collaborateurs côté métiers commenceront probablement à les utiliser de manière ponctuelle. Il s'agira dès lors de trouver un moyen de les aider ou de limiter les risques associés à leur utilisation.

Modèles de données pilotés par les secteurs d’activités

Les analystes d’Info-Tech font observer que l'exploitation des données dans des secteurs d’activités qui étaient bien établis avant l'avènement du numérique n’a pas forcément fourni des résultats à la hauteur des espérances. Les fournisseurs tech pouvant se tromper sur les mesures les plus utiles pour les clients de ces entreprises. Pour corriger le tir, les fournisseurs ont commencé à travailler avec les entreprises afin d'identifier plus efficacement les informations nécessaires pour accroître la valeur des données. Dans ce contexte, les investissements dans les Data Lakes our Data Fabrics devraient augmenter de 5% en 2023, ce qui en fait la deuxième technologie prioritaire pour de nouvelles dépenses, derrière l'intelligence artificielle. En outre, 41% des entreprises interrogées par le cabinet développent des capacités internes d'analyse des données. Pour ce dernier cas de figure, Info-Tech recommande tout de même de collaborer avec un prestataire externe spécialisé dans l'analyse de données, afin de bénéficier d’un ensemble de compétences à même d'augmenter les chances de réussite de ce type de projets.

Processus numériques durables

De nombreuses entreprises ont massivement investi dans la numérisation de leurs activités afin d'améliorer leur productivité et leur efficacité, observent les auteurs du rapport. Selon qui de nouvelles ressources et stratégies seront nécessaires pour maintenir l'élan dans ce processus qui ne prend véritablement jamais fin. Plus de deux tiers des firmes sondées par Info-Tech ont indiqué que le désir d'accroître la productivité sans augmenter le nombre d'employés était un facteur déterminant pour poursuivre leur numérisation. Pour atteindre leurs objectifs, les entreprises doivent toutefois aller plus loin que la simple numérisation des processus et chercher à optimiser ces derniers, suggèrent les analystes, par exemple en mettant en évidence leur fonctionnement interne par l'analyse des logs. Faire appel à des techniques de Process Mining permettra en outre de détecter et éliminer des redondances. Info-Tech conseille ainsi aux entreprises de demander à leur fournisseur d'ERP s'il a l'intention d'inclure une fonctionnalité d'exploration des processus, dans un avenir proche, avant d'investir dans une solution distincte.

Reporting et analyse des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG)

2023 sera marqué par l’entrée en vigueur d’obligations, pour les entreprises européennes et américaines cotées en bourse, à publier leurs émissions de carbone, indique le rapport. Qui révèle que peu de firmes sont prêtes à fournir des données précises sur l'impact carbone de leur entreprise. Seul un quart des décideurs IT interrogés affirment que leur organisation peut correctement rendre compte des conséquences de ses initiatives ESG. Et la moitié estime leur entreprise incapable de fournir des rapports fiables sur l'empreinte carbone. Infotech leur recommande entre autres de localiser les informations manquantes qui empêcheront un reporting adéquat. Il conviendrait par ailleurs de renforcer les relations avec les fournisseurs pour savoir comment être en mesure de déclarer les émissions créées par les produits et services que l'entreprise emploie et commercialise.

Sécurité Zero Trust

Les auteurs du rapport d’Info-Tech soulignent que ces dernières années, la fréquence et la gravité des attaques contre la supply chain logicielle ont augmenté. Des infrastructures critiques comme des gazoducs et des services publics ont été perturbés par des attaques de ce type. Contre ces dernières, les entreprises se tournent vers l'approche cybersécuritaire Zero Trust. Encore faut-il être en mesure de la mettre en œuvre… La moitié des décideurs IT sondés par le cabinet d'analyse s'inquiètent du fait que leurs supérieurs et le conseil d'administration ne tiennent pas compte des problèmes liés à la cybercriminalité. La difficulté à trouver des spécialistes dans le domaine est aussi une préoccupation majeure. Quant aux ressources budgétaires, elles ne se calquent pas forcément sur l'évolution des cybermenaces. «Alors qu'un peu plus de la moitié des organisations (53,5 %) indiquent qu'elles augmenteront le montant qu'elles consacrent à la sécurité l'année prochaine, beaucoup dépenseront le même montant qu'en 2022 (41,5 %) ou diminueront leurs dépenses (5,1 %)», lit-on dans le rapport. Info-Tech note que si la mise en œuvre de l'approche Zero Trust n’est pas forcément à la portée de toutes les firmes, les principes qui la sous-tendent le sont.

Se préparer à la récession

Le budget informatique pourrait voir ses ressources diminuer si l'économie continue de s'effondrer, avertissent les auteurs du rapport. Mais malgré le contexte, une faible majorité des CIO sondés prévoient tout de même une augmentation des dépenses en 2023. Ces investissements seront réalisés en particulier dans les domaines du cloud (58 %) et de l’IA/machine learning (44 %). Info-Tech note qu’il est compréhensible que les DSI extrapolent à partir de la dernière récession causée par la pandémie et supposent que les niveaux de dépenses resteront stables, voire augmenteront. Or, ce schéma ne se répètera pas forcément si la récession se confirme.Comme mesure d’économie, Info-Tech conseille de réduire les dépenses auprès des fournisseurs plutôt que de réduire le personnel. Notamment en se débarrassant de logiciels obsolètes et en renégociant les contrats existants.

Le rapport «Tech Trends 2023» s'appuie sur une enquête auprès de 813 responsables IT à l'échelle mondiale, menée entre le 9 août et le 9 septembre 2022.