Adopter une éthique numérique? La direction dit ok, mais pas le marketing
L'éthique numérique occupe de plus en plus les entreprises suisses, un thème dont se soucie surtout la direction. Dans les équipes marketing, les principes de traitement responsable des données sont moins bien accueillis.
Le thème de l'éthique numérique s’est fait une place au niveau de la direction. Un constat issu d’une étude de la Haute école d'économie de Zurich (HWZ), qui s’est appliquée à mesurer la responsabilité numérique des entreprises suisses. Environ la moitié des organisations interrogées estiment que les membres de la direction comptent parmi les principaux promoteurs de l'éthique numérique au sein de leur entreprise.
Les questions d'éthique concernent principalement les données
La plupart des entreprises concèdent avoir déjà mené des projets discutables sur le plan éthique. Le plus souvent en rapport avec l’analyse de données et l'exploitation de données clients. D’autres projets ont trait à la «datafication» de l’espace de travail et l'utilisation des nouvelles technologies.
Les entreprises sont de plus en plus conscientes de la nécessité de traiter les données de manière responsable. Un certain nombre d’entre elles ont déjà intégré les questions éthiques dans les documents et processus internes. Dans un tiers des firmes, c’est le cas pour les directives sur la gestion des données et la stratégie en matière de données. Une ligne de conduite éthique existe dans une entreprise sur trois, alors qu’une sur cinq prévoit d’en introduire une. «Plus l'entreprise est grande, plus il y a de directives. En outre, notre enquête confirme que quelle que soit leur taille, de nombreuses entreprises travaillent sur les directives éthiques», précise Cornelia Diethelm, responsable de l'étude.
Concilier des objectifs contradictoires
De l’avis de deux tiers des personnes interrogées, les principaux promoteurs de l'éthique numérique au sein des entreprises suisses sont les responsables de la protection des données. Suivent les membres de la direction. A l'autre bout du spectre, les métiers du marketing se soucient le moins de suivre des principes d’éthique numérique. Ces attitudes divergentes soulignent les objectifs contradictoires des entreprises, selon l'auteure de l’étude. «Aborder consciemment l'éthique numérique peut aider à résoudre de façon systématique les objectifs internes conflictuels. Les pratiques commerciales doivent être alignées sur des lignes directrices éthiques qui reflètent les valeurs de l'entreprise», déclare Cornelia Diethelm.
L'éthique pour être plus concurrentiel
L'enquête montre également que les entreprises prennent au sérieux les attentes de leurs clients en matière de responsabilité numérique. Les principes en la matière sont en effet principalement suivis pour établir une relation de confiance avec la clientèle. Il s’agit également de se donner un avantage concurrentiel en se forgeant une image d’entreprise responsable, mais aussi de minimiser les risques. Les risques opérationnels pourraient en effet être limités en veillant à ce qu'aucune personne ne soit discriminée par l'utilisation d'algorithmes, affirme la responsable de l’enquête. En outre, la moitié des firmes adopte l'éthique numérique par conviction (ces principes s'alignant sur les valeurs de l’entreprise).
L’étude «Stimmungsbarometer Digitale Ethik» a été menée par l’Institute for Digital Business de la HWZ, auprès de 254 employés d'entreprises de tous secteurs et de toutes tailles.