L’administration suisse peine à adopter le télétravail
Les administrations suisses accusent encore du retard en matière de numérisation. Selon une étude Deloitte, seul un quart des fonctionnaires a pu travailler à domicile durant la crise du coronavirus: une proportion nettement inférieure à celle du secteur IT, mais à peine inférieure à la moyenne nationale.
Bien que des centaines de milliers d'employés suisses aient travaillé depuis leur domicile durant la crise du coronavirus, le télétravail n’a pas été adopté partout. Une enquête menée par le cabinet de conseil Deloitte montre que la pratique est beaucoup moins répondue dans le secteur public. Ainsi, seulement un quart de tous les employés administratifs ont pu travailler depuis chez eux lorsque les mesures de confinement ont été mises en place. Au niveau des cantons (27%) et des communes (15%) ainsi que dans le domaine des services sociaux et de santé (16%), les pourcentages étaient bien inférieurs.
Des pourcentages plutôt faibles comparés à d’autres secteurs. Par exemple, 65% des employés du secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC) ont travaillé depuis chez eux, 50% dans la finance et les assurances et 31% dans celui de l'industrie mécanique.
L’usage du télétravail augmente cependant
Il s’agit de la première enquête de Deloitte concernant l’usage du télétravail dans les administrations publiques en Suisse, explique Rolf Brügger, directeur de la division Government & Public Services de Deloitte Suisse. «Les résultats de l'enquête indiquent toutefois que la proportion d'employés administratifs qui ont désormais la possibilité de travailler à domicile a augmenté, notamment en raison de la durée pendant laquelle le télétravail était possible».
Pour travailler de façon flexible et efficacement depuis la maison, il est nécessaire de disposer de ressources et de technologies appropriées, expliquent les auteurs de l’étude. D'autant plus que les difficultés techniques liées au télétravail ont des répercussions directes sur la performance et la qualité des tâches, continuent-ils. Seuls 29% des employés administratifs interrogés ont indiqué que leur employeur avait été en mesure de mettre en place immédiatement les conditions techniques nécessaires pour le télétravail. En revanche, 71% des sondés ont «ont éprouvé de la frustration parce que les adaptations techniques nécessaires pour travailler depuis la maison ont pris plusieurs jours, voire plusieurs semaines, ou n'ont jamais été complètement réalisées».
Une proposition plus élevée dans certains cantons
Cependant, selon les cantons, le télétravail ne semble pas se porter aussi mal que le suggère l’enquête. «Dans notre cas, bien plus de la moitié du personnel a travaillé depuis son domicile, soit environ 60%», explique par exemple Karlheinz Holenstein, directeur général du réseau de télécommunication du canton de Saint-Gall. Près de la moitié des employés était déjà correctement équipée avant que ne survienne la crise du coronavirus. «Dans le cadre de la mise en place du télétravail, des ordinateurs portables supplémentaires, dont certains avaient été mis hors service, ont été réinstallés, tandis que des ordinateurs de bureau ont même été ramenés au domicile des salariés». Il estime que la proportion d’employés en home office est suffisante, d'autant plus que tous ne peuvent pas travailler à domicile.
Thomas Fischer, responsable du service juridique du canton de Berne, s'attend également à une proportion plus élevée. «Cela est dû au fait que le gouvernement cantonal a ordonné la mise en place du télétravail pour tous les employés, après en avoir discuté avec eux. Nous savons également que nous avons eu moins de difficultés techniques que les autres cantons», souligne-t-il.
La Confédération se situe au-dessus de la moyenne nationale
«Au sein de l'administration publique, il existe déjà la possibilité de travailler davantage depuis son domicile», explique Philipp Roth, responsable du département secteur public chez Deloitte Suisse. «Les autorités doivent également améliorer leurs processus afin d'accélérer la numérisation et devrait profiter de la dynamique actuelle pour le faire», conclut-il.
Selon l’enquête de Deloitte, une majorité des employés interrogés (56%) sont favorables à ce que l’administration se numérise encore plus. En outre, durant la crise du coronavirus, un tiers des sondés ont changé d’avis de manière positive concernant les services numériques. Néanmoins, la moyenne des personnes actives en Suisse qui ont pu travailler à domicile pendant la pandémie n'est que de 30%. Une proportion qui atteint les 33% pour le personnel de la Confédération.
Une précédente enquête de Deloitte montrait qu’au pic de la crise sanitaire, près de la moitié des actifs en Suisse travaillaient à domicile. S’ils sont un peu plus à penser être plus efficaces en télétravail qu’au bureau, beaucoup ne se trouvent ni plus ni moins productifs.