La justice américaine pourrait forcer Google à se séparer de Chrome
Le procès antitrust contre Google est entré dans une nouvelle phase décisive. La justice américaine doit fixer les sanctions contre l’entreprise, après avoir reconnu que ses pratiques avaient renforcé indûment sa domination dans la recherche en ligne.

La deuxième phase du procès concernant les pratiques anticoncurrentielles de Google sur le marché des moteurs de recherche fait les gros titres, tant les enjeux sont considérables. Un tribunal fédéral doit décider des mesures correctives à imposer à Alphabet, la société mère du moteur de recherche. La question centrale concerne la position dominante de Google sur le marché de la recherche en ligne, établie notamment par des accords d'exclusivité avec des fabricants de téléphones et des développeurs de navigateurs.
A l’été 2024, la justice américaine avait conclu que Google avait violé la législation antitrust, en particulier en versant des milliards de dollars à des entreprises comme Apple pour que son moteur soit défini par défaut sur leurs appareils. Selon le Département de la Justice (DOJ), ces pratiques ont permis à Google de renforcer artificiellement sa position dominante.
Depuis le 21 avril 2025, des audiences se déroulent à Washington, D.C., afin de déterminer les sanctions à imposer à Google. Les propositions de mesures présentées par le DOJ, avec le soutien de procureurs généraux de plusieurs Etats, incluent la cession du navigateur Chrome. Cette séparation viserait à briser l’intégration entre Chrome et le moteur de recherche Google, perçue comme un levier majeur de domination du marché. Le DOJ souhaite également interdire à Google de conclure des accords d’exclusivité à l’avenir.
Google veut un compromis
Google s'est clairement opposé à ces mesures, qui lui semblent trop radicales. Dans un billet de blog, l'entreprise avance qu’elles pourraient «nuire à l’économie américaine et à son leadership technologique», en limitant l’accès à ses services et en augmentant les coûts pour les utilisateurs finaux. Google affirme aussi que ces contraintes freineraient l'essor de ses solutions d’intelligence artificielle et fragiliseraient la compétitivité américaine face à des acteurs étrangers, notamment chinois.
Dans une tentative de compromis, Google propose des mesures correctives plus ciblées, portant principalement sur les accords de distribution. L’entreprise suggère d’introduire une plus grande souplesse pour les fabricants et les développeurs de navigateurs dans le choix des moteurs de recherche par défaut, tout en maintenant la possibilité pour les utilisateurs de sélectionner celui qu’ils préfèrent.
Selon un article de Reuters, le juge Mehta prévoit de rendre sa décision sur les mesures à adopter d’ici août 2025. Quelle qu’en soit l’issue, Google a d’ores et déjà annoncé son intention de faire appel, ce qui pourrait repousser la conclusion de la procédure jusqu’en 2027.
En outre, selon plusieurs médias américains, les prétendants au rachat de Chrome se bousculent déjà au portillon. Interrogés par la justice, OpenAI ainsi que Perplexity ont manifesté leur vif intérêt pour en prendre le contrôle.