L'aéroport de Genève associé à un test de gestion du trafic aérien sur la blockchain
FlightChain. C’est le nom de la blockchain créée en 2017 par la Société internationale de télécommunication aéronautique et testée par British Airways et les aéroports de Londres Heathrow, Genève et Miami. Premiers enseignements.
Dans un livre blanc, la Société internationale de télécommunication aéronautique (SITA) détaille l’expérimentation menée en 2017 par son Sita Lab sur la blockchain: FlightChain. Brassant les données de quasiment toutes les compagnies aériennes et aéroports du monde (2 800 clients), l’entreprise basée à Genève est le leader mondial de la gestion des systèmes informatiques liés au transport aérien (passagers, bagages, suivi du trafic, maintenance, frontières). Convaincu de l'intérêt de la blockchain pour éviter des situations conflictuelles en fournissant aux différentes parties une unique et incontestable version de la réalité sur l’état des vols, le Sita Lab a testé l’inscription des informations en provenance de British Airways et les aéroports de Londres Heathrow, Genève et Miami sur la FlightChain.
«Ce premier projet de recherche conjoint a permis de s’assurer que toutes les parties prenantes à l’expérience avaient accès à la même information concernant un parcours aérien. Le potentiel de cette technologie pourrait aller jusqu’à aider le traçage de bagages retardés ou perdus, entraînant à ce jour une perte annuelle de plus de 2 milliards de francs pour les compagnies aériennes», a déclaré Barbara Dalibard, directrice générale de la Sita, dans un entretien avec Le Temps, ce 19 février.
La même info, partagée
Les données de vol ne contenant ni information d'identification personnelle ni données commerciales sensibles, les compagnies aériennes et les aéroports se sont facilement prêtés au jeu. D’autant que les problèmes que posent les multiples copies des données concernant un même vol handicapent tout le monde. Basée sur Ethereum et Hyperledger-Fabric, la blockchain privée de la Sita permet l’inscription, régie par un smartcontract, de ces informations par la compagnie aérienne et les aéroports de départ et d’arrivée dans une base de données distribuée et sécurisée.
Durant ce projet, plus de deux millions de modifications de vol ont été traitées par le smartcontrat et stockées sur FlightChain affirme le livre blanc de la Sita. L’entreprise en a tiré quelques leçons. Notamment que distribué n’est pas synonyme d’autogéré et donc qu’une blockchain privée impliquant tous les acteurs du trafic aérien devra avoir une gouvernance claire et acceptée par tous. Cette FlightChain mondiale attendra sans doute encore quelques années pour voir le jour, ce test à «petite» échelle a fait prendre conscience à la Sita d’un manque de maturité et de convivialité des technologies actuelles, qui rendrait complexe son déploiement à de nombreux participants, notamment s’ils n’intègrent pas tous le réseau en même temps.
Des barrières à lever
Les mises à jour du smartcontract seraient aussi un casse-tête. A petite échelle, il interdit juste à l’aéroport de Genève d’intervenir sur les données concernant un vol entre Heathrow et Miami. Mais à plus grande échelle? La Sita invite l’Association internationale du transport aérien (IATA) et le Conseil international des aéroports (ACI) à se pencher sur la question. Un smartcontract serait en effet déterministe. Il ne laisserait plus les possibilités d’interprétation permises par les standards publiés par ces deux organismes.
Quelques aspects restent donc en chantier avant la grand simplification du trafic aérien mondiale dont la blockchain porte la promesse. Mais ces embûches ne semblent pas faire peur à la Sita. Sa directrice générale évoque même une autre piste, des plus futuristes : «La blockchain pourrait être aussi déployée à l’avenir pour tenir un registre des drones.»