L'EPFL innove pour passer du bâtiment intelligent au réseau électrique intelligent
Des chercheurs de l'EPFL ont développé une solution pour récolter et mutualiser les données de consommation énergétique individuelles et mieux utiliser la production électrique.
Une équipe pluridisciplinaire de l’EPFL a mis au point un programme (middleware) open source visant à agréger les données générées par les logements de tout à chacun afin de rationaliser notre consommation énergétique globale. Avec l'avènement de l’internet des objets, les innovations autour de la maison intelligente se multiplient. Il est déjà possible d’éteindre automatiquement le chauffage lorsqu’on quitte son logement, d’allumer son four ou sa cafetière, à distance depuis un smartphone ou encore de programmer l’allumage des lumières. Mais toutes ces possibilités ne sont pas coordonnées à l’échelle d’un foyer et encore moins à l’échelle d’un immeuble.
Les scientifiques lausannois veulent changer la donne en interconnectant ces informations éparses au service de l’efficacité énergétique des bâtiments voire de quartiers entiers. Leurs travaux publiés dans la revue Elsevier Automation in Construction décrivent un système capable de récupérer les données générées par les multiples applis, smartphones et autres objets connectés afin de mieux utiliser l’énergie disponible sur le réseau électrique. Grâce à une architecture distribuée, cette solution s’adapte facilement à toute taille de bâtiment expliquent les chercheurs du Laboratoire d’électronique de la Faculté des Sciences et Techniques de l’Ingénieur de l’école vaudoise.
De la smart home au smart grid
Tout l’intérêt de ce projet réside dans ce changement d’échelle. Il s’agit de fabriquer à partir d’informations individuelles une image des besoins en électricité des immeubles au cours du temps. «L’objectif d’un réseau intelligent est d’assurer un service de qualité aux utilisateurs, en faisant face aux pics de consommation électrique, à la volatilité de la production renouvelable émergente tout en baissant les coûts et en gardant le même confort pour les utilisateurs», explique Olivier Van Cutsem, doctorant au Laboratoire d’électronique. «Selon des signaux du réseau ou de la production locale disponible, on peut par exemple décider de décaler certaines charges dans le temps, comme d’avancer de quelques minutes le préchauffage d’un appartement, si l’électricité est moins chère à ce moment, ou afin d’éviter un pic de consommation.»
Informer le réseau électrique de l’activité de chaque bâtiment pour qu’il puisse anticiper nos besoins et décider intelligemment de la meilleure allocation des ressources à disposition, y compris la production locale disponible, est l’objectif de ce passage à l’échelle globale. C’est grâce à ce type d’innovation qu’après la smart home et les smart buildings, pourront émerger les smart grids (réseaux intelligents).