L’innovation R&D améliore la résilience des entreprises
Toutes les innovations n'ont pas les mêmes effets. Alors que l’investissement à long-terme dans les activités de R&D est le meilleur moyen de passer à travers les crises, les autres types d'innovations surfent d'avantage sur les cycles macroéconomiques.
Deux chercheurs du Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’EPFZ se sont penché sur l’impact des cycles économiques sur la croissance des entreprises suisses en fonction de leurs capacités d’innovation. Scrutant les résultats de sociétés de cinq salariés et plus dans 33 industries différentes sur près de 20 ans (1995-2014), les économistes ont constaté qu’en période de récession, les entreprises innovantes affichent des taux de croissance de leurs ventes nettement plus élevés que les entreprises non innovantes alors qu’aucune différence n’est constatée entre ces deux populations dans les périodes économiquement fastes.
L’étude conforte ainsi la théorie du cycle économique de Schumpeter (1939) selon laquelle, durant les crises, l’économie se tourne vers les produits et processus les plus innovants ce qui a pour conséquence le remplacement de l’ancien par du nouveau. Pour aller plus loin, les chercheurs ont séparé les entreprises dites innovantes en deux catégories : celles qui innovent grâce à leurs activité de R&D (nouveaux produits, nouveaux services) et celles qui innovent par d’autres voix (modèles d’affaires, organisation). Il en ressort que, durant les crises, les entreprises investissant dans leur R&D performent et présentent des taux de croissance de leurs ventes aussi bonnes que ceux obtenus par leurs concurrents lors de périodes de prospérité. En revanche, en plein boom, ce sont les sociétés qui parient sur l’innovation hors R&D qui sortent du lot.
En résumé, pour traverser les zones de turbulences, mieux vaut avoir parié sur la R&D mais pour surfer sur une vague de croissance, un investissement dans d’autres département peut se révéler fructueux. Les auteurs encouragent donc les responsables politiques à prendre des mesures favorisant l’investissement dans la R&D s’ils veulent «accroître la résistance des entreprises faces aux crises économiques internationales.» Ils les mettent aussi en garde contre la tentation de décisions court-termistes: «la faculté d’innovation d’une économie doit être renforcée bien avant la survenance d’une crise économique. Les interventions politiques effectuées durant une crise n’obtiendront pas les mêmes résultats.» Enfin, les résultats des deux économistes zurichois montrent que les petites entreprises innovantes et agiles sont celles qui bénéficient le plus de la célèbre «destruction créatrice» théorisée par Joseph Schumpeter au siècle dernier.