Avec la start-up suisse HumanAI, vous conserverez vos données mais vendrez des infos
Spin-off de l’ETHZ, HumanAI développe une application pour que les utilisateurs de smartphones puissent choisir les informations qu’ils partagent à des entreprises tierces contre rémunération, sans pour autant leur donner accès à leurs données brutes.
Les préoccupations grandissantes autour de la privacy en font un secteur porteur. Les solutions pour «redonner aux utilisateurs le contrôle de leurs données» fleurissent, un peu partout, et notamment en Suisse comme Streamr ou One.Thing.Less que nous vous avions déjà présentées. Spin-off de l’ETHZ, HumanAI compte s’inscrire dans cette dynamique. Créée par des data scientists dont les travaux se concentraient sur l’étude des habitudes et comportements des mobinautes, la start-up basée à Cham, à côté de Zoug, veut proposer une application à travers laquelle les utilisateurs partageront non pas des données brutes mais les informations que l’on peut en tirer. «C’est la force de notre solution, nous offrons aux entreprises une meilleure connaissance des utilisateurs qui les intéressent mais pas leurs données», défend Remo Frey, CEO et co-fondateur de l’entreprise née en début d’année. Par exemple un assureur n’aurait pas accès aux données GPS d’un individu mais recevrait uniquement le nombre de kilomètres qu’il parcourt par jour. Pour les informations qu’il partage, l’utilisateur recevra une compensation financière. HumanAI se rémunérera en prenant 10% sur chacune de ces transactions. De l’autre côté, HumanAI se chargera de faire tourner l’intelligence artificielle développée par ses entreprises clientes sur les smartphones des utilisateurs et leur proposera un dashboard à travers lequel elles définiront les informations qui les intéressent et ce qu’elles offriront aux utilisateurs en échange de celles-ci.
Blockchain ou pas?
«Comme il y a eu le Edge computing, nous faisons de la Edge AI, explique l’entrepreneur. C’est ce qui nous permet d’assurer la confidentialité des données, elles ne quittent pas le téléphone de l’utilisateur, seul le résultat de leur traitement est partagé.» Comment? HumanAI ne s’est pas encore décidé. «Nous pourrions faire tout cela avec de la cryptographie et des monnaies traditionnelles, poursuit le data scientist, mais la blockchain permet de rassembler et de chiffrer en une seule transaction le paiement et l’échange de data, c’est donc la piste que nous privilégions.»
Ensuite, pour s’affranchir de l’effort de convaincre des utilisateurs d’installer son application, HumanAI compte proposer un SDK aux développeurs d’app. «Les utilisateurs pourraient alors choisir les données qu’ils partagent contre rétribution directement dans leurs applications. Nous deviendrons transparents et reverserons 10% de la transaction à l’app hôte.» En attendant, les quelques membres de l’équipe travaillent tous à temps partiels à côté de ce projet et cherchent des financements pour accélérer leur développement. Leur projet d’ICO est en stand-by, car «le marché n’est pas bon en ce moment» et ils comptent lancer une première version de leur solution au début de l’année 2019.