Baidu, pionnier chinois des voitures autonomes
La Chine ambitionne de devenir le leader mondial de l’intelligence artificielle à l’horizon 2030. Dans le deuxième épisode de cette série, nous analysons le rôle joué par le géant du web Baidu et sa plateforme Apollo pour fédérer et accélérer les développements en matière de véhicule autonome.
Le géant du web chinois Baidu a annoncé début juillet, lors de sa conférence aux développeurs d’intelligence artificielle, la production prochaine de bus autonomes. Développés en partenariat avec le constructeur King Long, les bus seront entièrement autonomes (niveau 4) et circuleront dans des zones délimitées (aéroports, site touristique) dans plusieurs villes chinoises. Un déploiement au Japon et notamment à Tokyo est également prévu en 2019 en collaboration avec une filiale de Softbank.
Un écosystème autour de la plateforme Apollo
Baptisés Apolong, les véhicules seront équipés du système de conduite autonome Apollo conçu par Baidu. Cette plateforme ouverte est le centre d’un écosystème regroupant plus d’une centaines de partenaires, qui profitent des solutions de conduite autonome (code, services, données) d’Apollo et font en échange profiter Baidu de leurs propres données pour améliorer les systèmes intelligents. On y trouve aussi bien des constructeurs automobiles (Chery, Daimler, Ford, Jaguar, Honda, Hyundai), que des fabricants d’équipements (Bosch, TomTom, Pioneer, Valeo) et des sociétés IT (Blackberry, Microsoft, Nvidia). Dernier en date, Intel a annoncé que sa solution de sécurité pour voitures, fruit du rachat de MobilEye, allait elle aussi rejoindre le projet Apollo.
Interviewé l’automne dernier par le magazine Wired, Qi Lu, alors COO de Baidu, expliquait que cet écosystème pourrait, au-delà de la voiture, s’étendre à tous les systèmes autonomes, les mêmes composants (hardware, senseurs, puces, logiciels) étant ensuite employés dans les robots industriels et domestiques ou les drones.
La plateforme Apollo n’est pas le seul projet d’intelligence artificielle de Baidu. Bien avant les autres, le géant du web chinois évoquait déjà ses projets en la matière en 2010. Et il applique toujours cette approche d’écosystème. Notamment avec Baidu Brain, une suite d’outils permettant à des tiers de développer des applications IA, à la manière d’AWS/Alexa.
Appui du gouvernement chinois
Pour développer son écosystème Apollo, le géant Baidu bénéficie de l’appui explicite du gouvernement chinois. En effet, quelques mois après que la Chine a dévoilé son ambition de devenir la nation leader en matière d’intelligence artificielle à l’horizon 2030, le ministère de la science et des technologies a désigné quatre entreprises pour être les fers de lance de son plan de conquête. Le moteur de recherche Baidu ayant pour tâche de fédérer et d’accélérer les développements autour de la conduite autonome, le géant du cloud Alibaba se chargeant des solutions d’urbanisme et de transport intelligent, Tencent (détenteur de WeChat) se focalisant sur le diagnostic médical et enfin iFlyTek sur la reconnaissance vocale. En filigrane, l’Etat chinois invite tous les acteurs de l’économie à collaborer avec ces sociétés championnes dès lors qu’elles ont des projets dans le domaine. De quoi convaincre constructeurs automobiles et OEM de rallier l’écosystème de Baidu.
(Re)lire le premier article de notre série: Le plan de la Chine pour devenir le leader mondial de l’intelligence artificielle