Qui est l’éditeur genevois SonarSource qui a levé 45 millions?
SonarSource a levé un montant record de 45 millions de dollars l’automne passé. Fondé en 2008, l’éditeur genevois mise sur un modèle open source. Avec réussite, puisque sa plateforme de contrôle continu du code compte quelque 80'000 entreprises utilisatrices.
Spécialiste de la revue de code automatisée, l’éditeur genevois SonarSource a bouclé son premier financement l’automne passé. Les 45 millions de dollars levés auprès de la société de capital-risque new-yorkaise Insight Venture Partners, ont de quoi faire des envieux chez les jeunes pousses suisses. SonarSource n’a toutefois plus rien d’une balbutiante start-up. Fondé en 2008 et employant aujourd’hui plus de 50 collaborateurs, l’éditeur est parvenu à rapidement décoller en s’autofinançant, explique à ICTjournal son CEO et co-fondateur Olivier Gaudin: «Nous étions rentables dès la seconde année d’activité. Ne pas devoir compter sur des investisseurs externes nous a permis de garder une indépendance à laquelle nous tenions».
Quand le modèle libre paye
L’entrepreneur et les deux autres fondateurs, Freddy Mallet (Product Director) et Simon Brandhof (Technical Lead), ont misé avec succès sur un modèle d’affaires open source. La plateforme principale SonarQube est téléchargeable gratuitement, alors qu’un certain nombre d’extensions sont payantes. En 2012, l’éditeur romand a lancé un pack pour entreprises qui, via l’obtention d’une licence annuelle de 50'000 euros, permet de bénéficier d’un support technique, de services professionnels (installation, configuration et formations), ainsi que d’une sélection d’add-ons, notamment des fonctionnalités de gouvernance. Le pack Enterprise a séduit 700 clients, dont eBay, Bank of America, BMW et, en tout, 50 sociétés du Fortune 100. La solution open source compte quant à elle quelque 80'000 entreprises utilisatrices.
Pour Olivier Gaudin, SonarSource s’est imposé en comblant un vide: le marché du contrôle de la qualité du code était dépourvu de solutions permettant à la fois de faire de la revue de code automatisée et de fournir des métriques au management. «On a attaqué le marché avec une solution focalisée sur l’amélioration de la maintenance applicative, un domaine encore naissant qui permet de diminuer les coûts cachés dus à un code de mauvaise qualité et d’assurer un gain de productivité aux développeurs», explique le CEO. L’éditeur compte désormais développer les capacités de sa plateforme pour étendre la revue du code aux dimensions de fiabilité et de sécurité, et ce, pour les 20 langages de programmation déjà supportés par SonarQube.
Contrôle qualité à trois niveaux
Les solutions de contrôle qualité du code de SonarSource agissent à trois niveaux. Premièrement, une extension compatible avec la plupart des environnements de développement intégré (IDE) évite aux développeurs d’injecter des erreurs dans leur code grâce au feedback fourni à la volée directement au sein de l’IDE. A un second niveau, le code est passé en revue au avant d’être fusionné dans la branche maîtresse au cas où des erreurs signalées dans l’IDE n’auraient pas été corrigées. Enfin, au moment de passer l’application en environnement de test ou de production, une «douane applicative», qui devrait spécialement intéresser les équipes DevOps, évalue si l’ensemble du code remplit tous les critères de qualité.
«Il y a environ un an, nous avons décidé de nous fixer de nouveaux challenges», raconte Olivier Gaudin. Déjà leader sur son marché en nombre d’entreprises utilisatrices, SonarSource aurait les moyens de devenir également numéro un en terme de chiffres d’affaires. Pour y parvenir, les trois cofondateurs ont cette fois cherché un coup de pouce extérieur. En matière de ressources financières, mais pas seulement: «Insight Venture Partners nous permet surtout de bénéficier de son expertise commerciale et d’un réseau auquel nous n’aurions pas eu accès autrement.» Prochaine étape: utiliser les fonds récoltés pour renforcer l’adoption des produits de SonarSource aux Etats-Unis et donner un coup d’accélérateur sur le marché asiatique.